Mercedes Classe A – Audi A3 Sportback : les compactes premium du peuple
Avec la Classe A et l’A3, tant Mercedes qu’Audi ont cherché à concurrencer la première premium compacte allemande de l’histoire, signée BMW. Mais chacune conserve néanmoins sa propre personnalité.
S’il existait des familiales compactes de luxe bien avant que BMW se lance sur ce marché (chez Lancia par exemple), il faut bien reconnaître que c’est l’Allemagne qui a développé et « popularisé » le concept jusqu’à en faire ce qu’on connait aujourd’hui. La Série 3 Compact a lancé les débats dès le début des années 90, bientôt suivie par l’Audi A3, puis par la Mercedes Classe A, qui a toutefois joué dans un registre un peu différent – celui du monospace – pendant deux générations.
Le concept : concentré de luxe
Le concept de base de tous ces modèles, c’est bien sûr de mettre toutes les qualités haut de gamme qui ont fait la réputation de leurs marques respectives, dans une voiture plus compacte (catégorie très tendance au milieu des années 90), plus abordable, et donc au potentiel commercial bien plus élevé. En clair, c’était permettre à ceux qui rêvaient d’une Mercedes Classe C, d’une Audi A4 ou d’une BMW Série 3, d’accéder à une partie de leur rêve. Car finalement, il est clair que ce n’est pas tant un modèle précis qu’on a envie de s’offrir dans ces cas précis, mais bien un badge qui flatte l’égo.
Deuxième aspect du concept : ne pas laisser le champ libre à BMW, qui a très vite rencontré le succès avec sa Série 3 Compact. Bien évidemment, les deux rivaux allemands voulaient leur part de gâteau, et c’est une partie de la raison d’être des Classe A et A3.
Le design : l’athlète et l’artiste
Nous le disions plus haut, Mercedes a emboîté le pas à BMW et Audi dès 1997 avec la première Classe A, mais pas de façon franchement frontale. Car aux modèles compacts des deux autres, l’Etoile de Stuttgart a opposé une sorte de monospace. C’est n’est qu’en 2012, avec la troisième génération, que la Classe A est devenue cette compacte aux proportions dynamiques, et à l’attitude plutôt agressive pour la troisième génération, plutôt mature et « sûre d’elle » pour l’actuelle Classe A. En deux générations, la compacte Mercedes a gagné en statut haut de gamme, tout en conservant une touche de sportivité bien dosée. Par ailleurs, si ses proportions ont changé, c’est évidemment parce que les dimensions ont évolué. La quatrième A est plus longue de 12 cm, plus large de 1,6 cm en largeur, ce qui va bien sûr influencer le chapitre suivant.
À l’inverse, l’Audi A3 a été ce qu’elle est dès le début. Et justement, certains reprochent depuis longtemps à Audi une approche trop conservatrice du design caractérisée par des évolutions pour le moins discrètes de génération en génération. Pour la nouvelle A3, le constructeur a décidé, sans se départir de sa discrète élégance, de rouler un peu plus des mécaniques. La voiture affiche donc une allure plus assertive que jamais. Les phares travaillés et la calandre généreuse lui offrent un visage très affirmé, tandis que les ailes gonflées font de cette compacte une voiture musclée, qui semble prête à en découdre même quand elle est à l’arrêt. Les designers ont trouvé un équilibre parfait entre agressivité et sobriété.
La vie à bord : passionnel Vs rationnel
Cette dernière remarque vaut d’ailleurs pour l’habitacle. Sans chercher à bousculer les codes et les habitudes, la planche de bord fait preuve d’une recherche esthétique qu’on ne trouvait guère dans les précédentes versions. On apprécie particulièrement l’intégration des aérateurs, surtout côté conducteur : le look réacteur d’avion ou sorties d’échappement sport, c’est très réussi. Qui dit Audi dit qualité de finition irréprochable. Le fait est que cette fois encore, l’A3 est la référence absolue de sa catégorie. Les matériaux sont du meilleur niveau et les ajustements, parfaits. L’intérieur dégage donc ce sentiment de qualité et de luxe recherché dans une voiture arborant quatre anneaux. Malgré tout cela, c’est ailleurs qu’elle affirme son statut premium.
À l’intérieur comme à l’extérieur, la Classe A a voulu, dès la troisième génération, se donner une image à dominante sportive, et a fait ce qu’il faut pour. Sièges « semi-baquet » à appuie-tête fixe, petit volant à revêtement perforé et plat dans la partie basse, décos intérieures en alu, aérateurs ronds… L’ambiance est immédiatement placée. Il faut toutefois souligner que le constructeur semble avoir dû faire un choix entre look inspiré et qualité obsessionnelle. Dans la Mercedes, il est en effet plus facile de trouver des plastiques un peu moins nobles que dans l’Audi.
Audi n’usurpe pas son image rigoureuse et rationnelle. Ça se retrouve notamment dans les aspects pratiques de l’A3. Avec une régularité de métronome, toutes les générations ont été dans la bonne moyenne de leur catégorie en matière d’habitabilité des places arrière, et du volume du coffre. Difficile de s’éterniser sur ce chapitre dans le cas de ce modèle : tout est toujours comme ça doit être.
C’est moins tranché pour la Mercedes. Au volant ou sur le siège passager, on se sent aussi bien dans la troisième que dans la quatrième Classe A. En revanche, mieux vaut opter pour la dernière génération pour disposer d’un espace raisonnable. Plus longue de 12 cm que sa devancière, elle propose enfin des places arrière accueillantes, ainsi qu’un coffre raisonnable.
S’il suffisait, jusqu’il y a quelques années, d’une grande qualité de construction et d’un badge prestigieux pour justifier des tarifs premium, bien des constructeurs plus « généralistes » proposent aujourd’hui des produits de qualité pratiquement égale. Les grandes marques ont donc relevé le niveau de jeu dans un autre domaine : le contenu technologique. C’est pourquoi les dernières générations de l’Audi A3 et de la Mercedes Classe A n’ont plus rien à envier à leurs grandes sœurs. À peu près tout ce qu’on trouve dans une Audi A8 ou une Mercedes Classe S, on peut l’avoir dans une compacte de la marque. Et sur ce thème, difficile de départager nos concurrentes du jour. Chez Audi, on fait honneur au slogan publicitaire « L’avance par la technologie », que ce soit par les phares LED intelligents, les aides à la conduite les plus pointues, ou le système multimédia hyperconnecté, reposant sur un grand écran tactile parfaitement réactif et de très haute qualité.
Tout cela vaut aussi pour la Classe A, Mercedes ayant toujours été à la pointe de l’innovation, sans en faire son argument commercial. D’ailleurs, s’il fallait vraiment distinguer la technologie d’un des deux modèles, nous irions vers la Mercedes Classe A de quatrième génération, en raison de son système multimédia MBUX à intelligence artificielle. Atout majeur de ce système : des commandes vocales qui ne se limitent pas à des ordres bien spécifiques, préprogrammés. Le MBUX est déjà prêt à reconnaitre différentes façons d’énoncer une commande, et apprend en plus à en reconnaître de nouvelles au fil de sa vie commune avec le propriétaire. Et ces commandes vont au-delà du lancement d’un appel téléphonique ou du changement de source audio. C’est à peu près toute la voiture qui est connectée au système. On peut lui dire « J’ai froid aux pieds », « Peux-tu fermer le store du toit ouvrant ? », et ainsi de suite. La partie GPS du système est en plus équipée de la réalité augmentée. Au moment d’un changement de direction, la navigation affiche à l’écran l’image de la caméra avant de la voiture, et superpose à cette image une flèche dynamique qui indique par où il faut aller. Redoutable d’efficacité ! Quatre ans après son lancement, le système MBUX est toujours meilleur que tous ceux qui cherchent à l’imiter depuis.
Dernière remarque qui vaut pour les deux modèles : tous ces prestigieux équipements sont bien sûr des options, parfois très onéreuses. Mieux vaut donc s’armer de patience pour trouver sur le marché de l’occasion la Classe A ou l’A3 qui dispose de tout ce que vous désirez.
Le gimmick : affichez ce que vous voulez
À notre époque numérique, l’écran qui remplace les traditionnels compteurs est devenu la tendance. Mais tous ces écrans ne sont pas égaux. Il se trouve que ceux de Mercedes et d’Audi sont les plus intéressants du marché, car ils sont les plus personnalisables. Nulle part ailleurs (sauf chez les marques sœurs d’Audi du groupe VW) on ne trouve de tableaux de bord numériques avec un si grand nombre d’affichages différents, tant par le style, le design, que par les infos affichées. Carte de la navigation en plein écran ou compteurs ronds ? Un peu des deux ? Style plus moderne ou plus vintage ? Vous n’avez que l’embarras du choix.
Les motorisations : du plus humble au plus sauvage
En matière de motorisations, tant l’Audi que la Mercedes ratissent très large. À part du 100% électrique, il y a un peu de tout.
Le concept étant de proposer du premium relativement abordable, Audi a toujours équipé son A3 de motorisations économiques à l’usage. Si on roule peu, un moteur essence de 110 chevaux (ch) fera parfaitement l’affaire. Si on roule beaucoup mais qu’on est d’un tempérament calme, on se contentera d’un Diesel 110 ch. Plus on a du tempérament, plus on voudra de cavalerie, et les moteurs de l’Audi vont jusqu’à 190 ch en essence, 200 ch en Diesel. Quoique, pas exactement. Car il y a aussi des A3 pour les plus enragés, à savoir les versions sportives S3, et même RS3 pour la génération actuelle : 300 ch pour la première, 400 pour la seconde. Ça dépote ! Enfin, si on est tenté par le grand saut de l’électrification sans oser la transition totale, l’actuelle A3 existe également en version hybride rechargeable, 204 ou 245 ch. Bon à savoir si vous habitez dans des zones où le climat est plus rude en hiver : plusieurs motorisations de l’A3 peuvent être associées à la désormais célèbre transmission 4×4 Quattro.
Offre très comparable chez Mercedes qui, pour rappel, s’est associé à Renault pour ses moteurs de plus faible cylindrée. Pour l’actuelle génération par exemple, l’offre démarre avec le 1.3 turbo Renault, proposé en 110, 136 et 163 ch. Le constructeur français fournit aussi encore le Diesel de base, de 110 ou 136 ch. Tous ces moteurs conviennent à notre avis parfaitement à ceux qui recherchent plus le plaisir de posséder une Classe A, que celui de la cravacher sur les petites routes. Ce qui ne signifie pas que ces mécaniques soient poussives, loin de là. Il n’empêche que les mécaniques essence Mercedes de 211 ou 224 ch sont plus indiquées pour exploiter le potentiel dynamique de la voiture. Quant aux arpenteurs d’autoroute, c’est le Diesel 190 ch qu’il leur faut. Depuis 2020, la Classe A est aussi disponible avec une solution essence hybride rechargeable(basé sur le 1.3 litre de Renault), qui revendique une puissance totale de 218 ch.
Comme l’A3, la Classe A a ses versions sportives. Et là, Mercedes a carrément lâché la bête. Pour la Classe A, le célèbre département performances AMG avait créé ce qui était alors (et est toujours), le moteur essence 4 cylindres 2 litres le plus puissant jamais vu, hors voitures de course du moins. Dans la précédente génération, il offrait à la A45 AMG la puissance folle de 360 ch ! Déjà monstrueux. À l’occasion de la mise à jour du modèle en 2015, il est passé à 381 ch. Dans la génération actuelle, il pousse plus loin encore le bouchon, avec 421 ch. On se demande à quoi aura droit la Classe A AMG quand elle sera – très bientôt – mise à jour à son tour. Enfin, sachez que pour l’actuelle génération, Mercedes-AMG a aussi développé une version plus raisonnable, mais néanmoins très performante de la Classe A, la A35 AMG, forte de 306 ch.
Le comportement routier : chacun son style
Quel que soit le moteur dont est équipée une Audi A3, le sentiment qui prédomine est la légèreté. Jamais le modèle ne semble être sous-motorisé, et la direction offre un tel feeling que le moindre parcours sinueux est un plaisir. On sent dans la voiture qu’il y a chez Audi un petit fond d’âme sportive. Mais, hormis sur les S3 et RS3 bien sûr, cette sportivité n’est jamais exacerbée. Elle est plutôt suggérée, se gardant bien d’interférer avec les impressions principales qui se dégagent de la voiture : qualité et confort un peu ferme, typiquement germanique. Au final, l’A3 est donc une auto très saine, très sécurisante, qui comblera la plupart des conducteurs et conductrices, mais pourrait laisser sur leur faim les amateurs de voitures, même de milieu de gamme, dotées d’un comportement vraiment marqué. Chez Audi, comme toujours, tout est question d’art du dosage.
Alors qu’une A3 est toujours égale à elle-même, toujours telle que nous venons de la décrire, il existe une différence palpable entre les générations 3 et 4 de la Classe A. La 3 était volontairement sportive, donc assez ferme dans son comportement. Avec l’actuelle Classe A, le constructeur a réinjecté dans le modèle ce que l’inconscient collectif associe à la Mercedes : du confort, de la douceur. En clair, si le feeling sportif était présent dans toutes les Classe A de troisième génération, la quatrième est plus douce, plus « entre deux ». À moins bien sûr de disposer des amortisseurs réglables électroniquement, qui peuvent offrir un ressenti plus confort ou plus sport selon le mode de conduite sélectionné. Cela étant, même sans ces amortisseurs, l’actuelle Classe A reste remarquablement compétente en conduite sportive. Les cas à part étant évidemment les versions AMG, toujours délicieusement radicales, voire agressives, et toujours formidablement… bruyantes.
Reezocar a adoré
- Les valeurs Mercedes dans la catégorie compacte
- Les versions AMG complètement délirantes
- Le design plus expressif que dans le passé de l’Audi
- La qualité proverbiale de la marque aux anneaux
Reezocar a moins aimé
- Le côté peut-être trop policé de l’actuelle Classe A
- Ses boîtes auto associées aux moteurs Renault
- La conduite pas toujours enthousiasmante de l’Audi
- Ses tarifs toujours très salés
Conclusion
Nées du désir de déranger BMW, les petites Audi et Mercedes ne se sont pas compromises en diluant les valeurs de leurs marques respectives. Le choix de l’une ou de l’autre sera principalement une question d’attachement à un badge, mais dans un cas comme dans l’autre, c’est une compacte de qualité et flatteuse pour l’égo qu’on s’offrira.
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