Dacia Duster – Peugeot 2008 : Choc des cultures
Reezocar ose l’improbable en opposant aujourd’hui deux SUV qui rencontrent tous deux un énorme succès, mais auprès de clientèles très différentes. En résumé, c’est le match du besoin contre l’envie.
Les statistiques de recherches sur internet le prouvent, et celles effectuées sur Reezocar le confirment : le Dacia Duster et le Peugeot 2008 comptent parmi les SUV les plus populaires du marché. Les mettre face à face n’est donc pas si incongru, car avant de choisir, il convient de savoir ce que l’on veut vraiment.
Le concept : grand pas en avant
Quand il a été lancé en 2018, le Duster a marqué un tournant dans l’évolution de Dacia, car il fut, d’après-nous, le premier modèle de la marque à ne pas sembler s’excuser d’être low-cost. Il a une présence que même le premier Duster n’avait pas, et se permet d’adopter des solutions techniques plus modernes que ce qu’on trouvait dans les Dacia jusque-là. En clair, si les voitures du constructeur roumain avaient déjà convaincu les acheteurs surveillant leur budget de très près, le Duster 2 a commencé à intéresser au-delà de sa « clientèle type ». Bingo !
C’est un peu pareil pour le Peugeot 2008 qui, lui aussi, été un ticket gagnant pour sa marque dans une catégorie où la bataille est particulièrement rude. Au moment de le renouveler, un constructeur moins avisé ou moins audacieux aurait joué la sécurité, et capitalisé sur une recette à succès. Mais à l’époque de la conception du modèle, même si les choses ne s’étaient pas encore emballées et si Europe et constructeurs n’avaient pas encore si massivement prêté allégeance à la fée électricité, il était déjà clair qu’il fallait prévoir le coup. Le 2008 a donc été pensé pour offrir à la fois le plaisir de conduite traditionnel de Peugeot, et des solutions d’avenir.
Il y a donc un point commun entre les deux véhicules : ils ont été pour les constructeurs respectifs un grand pas en avant.
Le design : extravertis
Bien que le Duster 2 ne soit guère plus grand que son devancier, et que les grandes lignes du design soient à peu près les mêmes, il affiche un pouvoir de séduction plus affirmé. Par quelle magie ? C’est une histoire de détails savamment travaillés. Il y a par exemple la face avant, nettoyée de son côté « baroque » des débuts. Elle dégage de la confiance en soi, et même une touche de maturité supplémentaire depuis la mise à jour de fin 2021. Il y a le petit truc qui n’a l’air de rien mais fait beaucoup : le gros insert en plastique noir entre les ailes et les portières avant, qui donne au Duster un aspect plus massif, plus SUV. Et il y a enfin les feux arrière, dont le dessin passe du basique à quelque chose reflétant une réelle intention esthétique. Et avec cette somme de petites choses, abracadabra, on obtient un Duster qui a plus que jamais une posture sur la route. Disons même une attitude, un air de dire « Tu veux ma photo ? ». Or, Low Cost ou pas Low Cost, c’est une attitude qui séduit beaucoup de monde. L’omniprésence du Duster sur les routes le prouve.
Vous vous rappelez le design sage, inoffensif et, à notre avis, en certains points maladroit du précédent 2008 ? Maintenant voyez les images, et avouez que la transformation ne pourrait être plus radicale. Logique d’unité familiale, le 2008 reprend désormais le langage esthétique lancé par le 3008. Lignes tranchantes, épaules carrées, face pleine de caractère. Passez-nous l’expression, mais c’est un engin qui a vraiment de la gueule, qui regarde le monde avec un air de défi, et qui dénote dans sa catégorie. Ce style semble donc s’adapter à merveille à des dimensions plus compactes que celle du grand frère. Notez que nous nous surprenons souvent à hésiter quand nous croisons un SUV Peugeot sur la route : 2008 ou 3008 ? Le doute persiste toujours quelques secondes. Avoir l’air plus grand qu’il n’est en réalité, n’est-ce pas un compliment pour le 2008 ?
La vie à bord : Réels besoins Vs Envie de plus
Voilà évidemment ou nos rivaux du jour sont le plus différents l’un de l’autre. Bien sûr, Dacia fait toujours le choix de plastiques moins nobles et surtout bien moins chers qu’ailleurs, mais la différence est que grâce à un design bien plus travaillé qu’avant, on se débarrasse d’une grande partie de l’aspect bon marché. Les jolis aérateurs, le volant quatre branches avec boutons de commandes, la console centrale, le module de climatisation, l’écran tactile central qui a gagné un affichage couleur… Non, on ne dira pas que « ça fait luxe », mais quand vous prenez place dans le Duster, votre cerveau fera automatiquement la balance entre ce que vous payez et ce que vous avez, et déduira que cette balance est au-delà de satisfaisante. C’est encore plus vrai pour la version mise à jour, à la faveur d’une et une seule chose : un écran central plus moderne encore.
Mais du coup, ça coûte le début d’un bras ? Même pas, car Dacia a l’art des solutions pensées pour réduire les coups. Ainsi même si on a l’écran, on n’a pas forcément toute la technologie coûteuse qu’il y a derrière. Comme un GPS par exemple, disponible évidemment, mais pas livré d’office avec l’écran. De fait, à quoi bon équiper une voiture d’une navigation, d’un lecteur média et autres choses encore, quand nous avons déjà toutes ces choses dans la poche, dans notre Smartphone ? Avec l’écran, ne vient donc que l’essentiel : une radio-FM, la connectivité Bluetooth, et bien sûr les prises USB permettant d’afficher le contenu du Smartphone via Android Auto ou Apple CarPlay.
La politique de Dacia est la même concernant les technologies de sécurité. Ici, pas question de faire exploser le prix d’une voiture en la bardant de bidules que vous n’avez pas demandés. L’essentiel est là, comme les airbags, l’ABS, l’ESP, le freinage automatique d’urgence, le limiteur/régulateur de vitesse, mais oubliez tous ces « gadgets » qui jalonnent la route encore longue vers la conduite autonome. Trop cher, personne n’en veut vraiment, donc pas chez Dacia.
Pour en finir avec l’intérieur, nous dirons que l’habitabilité, notamment aux places arrière, ainsi que le coffre de 445 litres le qualifient haut la main pour le statut de voiture familiale.
En clair, le Duster dispose de tout ce dont on a réellement besoin. Mais on est bien sûr libre d’en vouloir plus. Plus de design, plus d’écrans, plus de technologie à l’utilité pas forcément prouvée, plus de tout, quitte à aller dans le superflu, pour le simple plaisir de savoir qu’on a « la totale ». Là, le 2008 entre en jeu.
D’abord, son design très affirmé à l’extérieur se retrouve à l’intérieur. Entre le tableau de bord spécial par sa position et son affichage « effet hologramme », la tablette centrale, les boutons « toggle » de rappel des fonctions principales, la tablette centrale tournée vers le conducteur et même ce petit volant, on a l’impression de s’installer dans un univers qui, à la première découverte, ménage un effet de surprise certain. Question « plus », on est déjà servi. Mais il y aussi un moins : l’aspect ergonomique, l’intuitivité du système multimédia et de certaines commandes. Il n’est par exemple pas très pratique, ni très sûr, de devoir repasser par un menu pour changer la température de la climatisation. Comme quoi le futurisme n’est pas une panacée.
Si on parle aides à la conduite, le Peugeot 2008 ne laissera personne sur sa faim. Il peut recevoir tout ce qu’on trouve dans le Duster, avec en plus des choses comme l’aide active au maintien de voie, le régulateur de vitesse avec contrôle de distance, etc. Des choses certes utiles, mais que des études prouvent qu’une grande partie des conducteurs se passeraient bien si ça permettait de payer une voiture moins cher. Comme avec un Duster, par exemple ?
Enfin, le 2008 profite de sa conception « prêt pour le futur ». Car cela implique une plateforme un peu particulière (nous y reviendrons), dont une spécificité est un empattement – écart entre roues antérieures et postérieures – particulièrement généreux. Cela au bénéfice des places arrière, plus spacieuses que la moyenne du segment. Et ne croyez pas que le coffre soit sacrifié pour autant : 455 litres, franchement pas mal pour un véhicule de 4,3 m de long. Là, rien à dire, on quitte le monde de l’envie pour revenir dans celui du vraiment utile.
Le gimmick : regard perçant
On dit que le regard est le miroir de l’âme. Si c’est vrai, le Duster et le 2008 ont une âme un peu similaire. Avec les phares étirés, qui partent vers le haut à mesure qu’ils rejoignent les ailes avant, ils affichent tous deux un regard tel qu’on les dessine dans les BD pour faire dire au personnage « Tu vas voir ce que tu vas voir… ». De fait, l’un et l’autre ont des arguments – certes très différents – à nous faire voir.
Les motorisations : chacun son écologie
Du côté des moteurs, c’est comme pour les aides à la conduite : si ça fait exploser la facture, c’est écarté. En clair : aucune trace d’électrification chez Dacia. Est-ce à dire qu’on se contente de vieux moulins et qu’il n’y a rien pour réduire la facture de carburant et environnementale ? Au contraire. D’abord, le Duster, comme le reste de la gamme du constructeur, profite désormais des moteurs de dernière génération du cousin Renault. Il y a donc au catalogue (selon l’année-modèle) du diesel 90, 110 ou 115 ch, et de l’essence 115, 125, 130 ou 150 ch. Quel moteur pour qui ? Vous le voyez, il n’y a rien de franchement basique dans ce catalogue, donc chacun pourra trouver la polyvalence dont il a besoin dès le moteur de base. Et plus il a besoin de muscle (pour le plaisir ou pour tirer une remorque par exemple), plus il montera en gamme. Et depuis quelques années, Dacia ressort des tiroirs un carburant un peu oublié : le GPL. Oubliez toutes vos idées préconçues, les systèmes sont désormais parfaitement sécurisés. Ne restent que les avantages : des émissions de CO2 réduites pour le Duster Eco-G 100 ch (qui conserve par ailleurs l’intégralité de son réservoir d’essence), et un prix à la pompe qui ne fluctue pas (ou beaucoup moins) au gré des crises sanitaires ou géopolitiques, comme c’est le cas de tous les autres carburant. Au moment d’écrire ces lignes, le GPL coûte moins de 0,90€/litre. Convaincu ? Pour peu que le réseau de ravitaillement soit suffisant dans votre région, le Dacia Duster est fait pour vous.
Enfin, notez que le Duster existe aussi en version 4×4, aussi à l’aise en conditions hivernales que sur les chemins non revêtus. Ca, on ne le trouve pas sur le Peugeot 2008.
Mais on trouve autre chose. Rappelez-vous cette plateforme et ce généreux empattement évoquée plus haut. Leur raison d’être ? Pouvoir loger… des batteries. Comme la 208, le 2008 (ou plutôt e-2008) est en effet proposé en version 100% électrique, et n’a actuellement aucun concurrent direct parmi les constructeurs « installés ». Pour lui en trouver un, il faut aller chez les constructeurs chinois, ou les marques premium. Le 2008 électrique revendique 136 ch et une autonomie théorique de 320 km.
Mais rassurez-vous, Peugeot n’oublie pas les « gens normaux ». Le catalogue 2008 comprend aussi des moteurs essence 100, 130 et 155 ch, qui s’adresse à des clients de plus en plus demandeurs de pêche au volant, et des diesel 100 et 130 ch taillés pour les dévoreurs de kilomètres
Le comportement routier : deux sortes de fun
Précisons d’entrée une chose : les nostalgiques des Peugeot fun et dansantes d’autrefois ne retrouveront pas le même sens du jeu dans le 2008, ni dans aucun modèle actuel de la marque d’ailleurs. Aujourd’hui, priorité est donnée à l’efficacité et à la rigueur. Il n’empêche que le constructeur met toujours un point d’honneur à créer des véhicules qui impliquent réellement le conducteur, qui « l’attirent » vers la route et donnent envie de prendre les choses en main. C’est donc le cas pour le 2008, qui n’a rien de stérile. Outre le fait d’offrir un confort comme on l’attend de la part d’un petit véhicule familial, il dispose d’un train avant franchement mordant, d’une direction très agréable (encore plus grâce au petit volant généreux en sensation), de mécaniques hargneuses dès la version de base, le tout avec un poids bien contenu. Donc dès qu’un petit enchainement de virage se présentera, votre sourire sera garanti. Et la bonne nouvelle finale est que même dans la version électrique, lestée de 340 kg de batterie, l’impression de légèreté demeure.
Comme si le portrait du Duster 2 n’était pas déjà assez flatteur, il s’améliore encore sur la route. La seule ombre au tableau est peut-être la relative modestie de la plupart des moteurs, qui se manifeste surtout sur les routes très vallonnées. Pour le reste, il a tout : un châssis efficace et même un brin dynamique, une direction très agréable, une insonorisation de bon niveau (c’était un gros point faible de la première génération) et un confort d’amortissement pouvant en remontrer à des véhicules bien plus chers. Et ce n’est pas seulement sur la route que nous l’avons remarqué, mais aussi lors de séances de conduite « tout chemin » d’une version 4×4. Donc oui, le Duster « filtre » vraiment très bien. Mais n’enjolivons pas trop non plus : il est clair que pour ceux et celles qui ont vraiment le goût de la conduite chevillé au corps, le Dacia est loin d’égaler le feeling du Peugeot.
Reezocar a adoré
Le look séduisant, l'attitude, le caractère du Duster
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Son équipement bien pensé
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Le comportement engageant du Peugeot
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Rare modèle électrique de sa catégorie
Reezocar a moins aimé
Les moteurs du Dacia, pas tous adaptés à toutes les régions
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La présentation de ses fonctions multimédia (versions pré-facelift)
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Le système multimédia peu intuitif du Peugeot
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Sa position de conduite pas idéale pour les grands gabarits
Conclusion
Pas si décalé que ça, ce comparatif. Reste que l’un des critères de choix est bien sûr votre budget. C’est clair : à « jeunesse égale », le Peugeot demande un effort largement supérieur, et il le vaut bien. A budget égal en revanche, on s’offre un Dacia qui n’a rien à envier à un Peugeot 2008 d’ancienne génération, qui aura déjà bien vécu.
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