Renault Zoé Vs Smart Forfour EQ : tellement différentes
Bien avant l’arrivée des Fiat 500e, Peugeot e-208 ou même Skoda Citigo iV, deux modèles se partageaient grosso modo le marché des citadines électriques : la Renault Zoé, reine du marché électrique français, et la Smart Forfour Electric Drive (puis EQ), encore plus compacte. Deux modèles finalement assez différents, qui ne visent pas tout à fait la même clientèle.
Aujourd’hui, les citadines électriques commencent à se multiplier sur le marché. La plupart des constructeurs s’y mettent, avec plus ou moins de brio. Chez Renault et chez Smart, cela fait bien longtemps que de telles versions sont présentes au catalogue. Renault était d’ailleurs le pionnier en la matière avec sa Zoé, apparue pour la première fois en 2012. Elle faisait alors office d’ORNI (Objet roulant non-identifié) dans un paysage automobile exclusivement thermique.
Chez Smart, le bond dans l’électricité s’est fait en 2017 pour le grand public, avec la troisième génération de Fortwo. Quelques exemplaires électrifiés de la précédente génération circulaient déjà au compte-goutte dans les rues de certaines capitales européennes, permettant au constructeur de proposer une technologie déjà bien aboutie sur cette troisième mouture. Celle-ci était également déclinée en version quatre portes/quatre places baptisée Forfour, qui eut droit également à sa version électrique.
Il est d’ailleurs amusant de constater que Renault et Smart étaient alors partenaires pour la Forfour, qui partage ses dessous avec la Twingo. Mais à l’époque, le constructeur français n’avait pas souhaité proposer de variante électrique de son modèle pour laisser le champ libre à la Zoé. Ce n’est finalement qu’en 2020 que la Twingo s’électrifiera à son tour.
Le concept : logiques !
À l’heure de l’électrification automobile, les citadines électriques semblent l’offre la plus logique. Où a-t-on le plus besoin de voitures silencieuses qui ne rejettent pas de gaz malodorants ? Dans les villes bien sûr ! Les Renault Zoé et Smart Forfour EQ ont donc cent fois plus de raison d’être que les SUV électriques qui arrivent par dizaine aujourd’hui. Dans environ 4 mètres de longueur (4,08 pour la Zoé, 3,50 pour la Smart), elles permettent d’embarquer quatre occupants, quelques bagages, et offrent une autonomie suffisante pour toutes les tâches du quotidien des citadins. Le tout, sans le moindre bruit !
Le design : rondeurs différentes
Nos deux protagonistes du jour adoptent des lignes toutes en douceur, avec des rondeurs marquées. C’est surtout le cas chez Smart, avec ses feux ronds et sa calandre qui lui confèrent un « visage » souriant. Chez Renault, le regard se fait plus perçant, les traits plus tendus sur les flancs. Sans toutefois que cela soit agressif pour un sou. Cette bonhommie se voit toutefois renforcée sur la Smart par la palette de coloris et d’assortiment de teintes proposées. En bonne Smart qui se respecte, la Forfour propose en effet une cellule principale (le « Tridion ») de couleur grise ou noire contrastant avec les panneaux de carrosseries qui peuvent prendre des teintes très colorées. Chez Renault, le nuancier, comme l’agencement des couleurs, reste bien plus classique.
Plus qu’un design, c’est surtout une architecture que partagent les deux autos : quatre portes, quatre places, et un large hayon pour faciliter l’accès au coffre.
La vie à bord : différences de taille
En matière de vie à bord, il faudra dissocier l’espace disponible et l’ambiance. Le premier critère tourne forcément à l’avantage de la Zoé. Ses 58 cm de plus en longueur offrent bien plus d’aisance aux passagers tant à l’avant qu’à l’arrière. Et elle offre encore un coffre d’une taille plus que décente, similaire à ce que peut offrir une Clio. Les passagers de la Smart seront un peu moins à l’aise, notamment à l’arrière où l’on pourra néanmoins caser deux adultes. Mais surtout, le coffre se réduit à peau de chagrin en configuration 4 places. Il est même plus petit que celui d’une Smart Fortwo ! Néanmoins, la Forfour propose un original système « ReadySpace » permettant d’augmenter l’espace utile et la modularité grâce à une banquette arrière dont les assises peuvent se retourner, ajoutant au passage des porte-boissons et rangements supplémentaires à l’arrière.
L’ambiance, elle, est nettement plus cossue et chaleureuse du côté de l’Allemande. Propriété de Mercedes jusqu’en 2021 et positionnée assez haut de gamme, la Forfour EQ propose un habitacle aux matériaux de qualité et bien assemblés. Le design est également tout en rondeurs, avec d’originaux aérateurs centraux sur le sommet du tableau de bord. L’écran du système multimédia est également plus réactif, et permet une connectivité avec les smartphones.
Dans la Zoé, l’ambiance est plus « basique » avec beaucoup de plastiques et une présentation plus marquée par le temps. Du moins, pour les versions d’avant 2019, quand le profond restylage lui a apporté un nouvel écran central tellement plus réactif, et un multimédia moderne. Cela dit, la version de notre comparatif, datée de fin 2018, offrait déjà une instrumentation digitale fournissant toutes les informations nécessaires au conducteur d’un seul regard.
Le Gimmick : originalité ou durabilité ?
L’habitacle de la Smart se distingue là encore par son originalité et sa gaieté, avec plusieurs choix de couleurs « flashy » pour la sellerie, que l’on pourra également retrouver sur les contreportes. Il sera également possible d’opter pour une sellerie cuir, qui accentuera encore le feeling « premium » de l’intérieur.
Rien de tout ça chez Renault. En revanche, depuis son facelift de 2019, la Française propose des habillages en matériaux durables et recyclés. Pour le revêtement des sièges par exemple, composé de déchets de ceintures de sécurité, d’anciens tissus de sièges, et de bouteilles en plastique.
Les motorisations : deux extrêmes
La Zoé étant au catalogue Renault depuis une dizaine d’années, elle a reçu plusieurs évolutions de motorisations et de batteries. Les toutes premières Zoé avaient un moteur de 88 chevaux et une batterie de 22 kWh promettant quelque 200 km d’autonomie dans le meilleur des cas. Puis le moteur est passé à 90 ch, avec aussi plus d’efficacité, pour tirer 240 km de la même batterie. Puis est apparue la batterie de 40 kWh en 2017, grâce à quoi la Zoé pouvait dépasser les 300 km théoriques (celle qui nous occupe aujourd’hui), voire 400 avec le moteur de 75 ch. Puis arriva le moteur 110 ch qui tirait lui aussi près de 400 km de la même batterie (mais selon les nouvelles normes plus réalistes WLTP). Enfin, avec la nouvelle Zoé, tout le monde a eu droit à la nouvelle batterie de 55 kWh, pour laquelle Renault annonce une autonomie moyenne de 386 km. Bref, il faudra bien se montrer attentif aux chiffres au moment d’acheter une Renault Zoé d’occasion !
Chez Smart, c’est bien plus simple. Il n’existe qu’une seule proposition : un moteur de 60 KW (82 ch) – dérivé de celui de la Renault Zoé – alimenté par une batterie de 17,6 kWh. Modeste, cette dernière ne promet pas de miracle en termes d’autonomie : 116 à 130 km en cycle d’homologation WLTP selon l’équipement retenu. C’est peu, et il faudra en tenir compte dans l’utilisation que vous prévoyez de faire de votre voiture électrique. D’autant que la Forfour EQ ne se rattrape guère sur le plan de la recharge puisqu’elle se passe de chargeur rapide. De série, elle offre un simple chargeur de 4,6 kW en courant alternatif monophasé. Une puissance qui peut passer à 22 kW en option avec le chargeur triphasé… à condition que l’installation électrique dans laquelle on insèrera la prise soit en conséquence. En fonction, le temps de chargement pour passer de 10 à 80% de batterie variera de 1h (22kW) à 6h (prise domestique), et 3h30 sur une borne 4,6 kW.
Sur la Zoé, la recharge dépendra également du modèle retenu. Dans la version « R90 » qui nous occupe, elle sera également de 22 kW en courant alternatif. La version Q90 de même puissance permettra de charger jusqu’à 43 kW. Et même jusqu’à 50 kW en courant continu (sur une borne publique) depuis 2019.
Le comportement routier : pleines de santé !
Comme toute voiture électrique, les Zoé et Forfour EQ offrent des accélérations marquées et des reprises instantanées. En tout cas aux allures de ville et de nationales auxquelles elle se destinent principalement. Sur autoroute, la vigueur s’estompe, mais la vitesse se maintien sans crainte. En ville, cela s’appréciera surtout pour se faufiler dans le trafic, petit jeu auquel la Smart excelle évidemment par son encombrement très réduit.
Mais comme toute voiture électrique, nos deux prétendantes ont également vu leur amortissement renforcé pour pallier la prise de poids induite par la batterie. Directement développée pour être électrique, la Zoé se montre plus homogène que sa rivale, offrant un bien meilleur filtrage au niveau des suspensions. La Smart se montre quant à elle beaucoup plus ferme. Cela profite au dynamisme routier lorsque viendra une portion de route dégagée, la petite allemande restant très stable sur ses appuis. Cela dit, la Renault ne démérite vraiment pas dans ces conditions, son châssis particulièrement bien né la rendant réactive, et très sécurisante lorsqu’on hausse le rythme. Evidemment, en conduite dynamique, il ne faudra guère espérer atteindre l’autonomie promise par le constructeur. Mais en usage quotidien, en faisant preuve d’un peu d’anticipation et en utilisant la récupération d’énergie permise par la voiture, les données restent tout à fait envisageables.
Reezocar a adoré
- Le look de la Smart Forfour EQ
- La qualité et la présentation de son habitacle
- Le comportement routier de la Renault Zoé
- Son autonomie convaincante au quotidien
Reezocar a moins aimé
- L’habitacle de la Zoé, tristounet (avant 2019)
- Difficile de s’y retrouver dans les nombreuses motorisations de la Zoé
- L’autonomie de la Smart, très limitée
- Son confort très rigide
Conclusion
Leur motorisation électrique mise à part, les Renault Zoé et Smart Forfour EQ ne semblent pas du même monde. La Française peut constituer une alternative crédible pour une petite famille grâce à son espace à bord généreux et son coffre suffisamment grand pour emmener le nécessaire à un week-end en province. La Smart quant à elle se veut plus huppée, mais moins polyvalente en raison de son autonomie réelle limitée. Elle s’adresse plutôt à des utilisateurs strictement urbains et péri-urbains qui, soit trouvent d’autres alternatives pour les longs déplacements, soit disposent d’un autre véhicule et utilisent cette Forfour comme seconde voiture, pour les petits trajets du quotidien.