Essai Renault Zoé : l’occasion fait le larron
Avec la Zoé, Renault a fait office de pionnier sur un marché qui n'a le vent en poupe que 10 ans plus tard. Le constructeur a eu raison d'y croire, car la petite française « branchée » a fini par trouver sa place.
Quand Renault a lancé la Zoé en 2012, de nombreux observateurs ont vu ça comme une lubie, puisqu’on était très loin d’imaginer qu’un jour, un scandale nommé Dieselgate ferait virer les cutis, et mettrait gros vent dans les voiles de la voiture électrique. Avec 10 ans de recul, le constat est là : Renault a eu le nez fin. Le constructeur au losange a désormais dans sa famille ce qu’on peut appeler une valeur sûre de l’électromobilité.
Le concept : les bases de la citadine électrique
Clairement, la Zoé a permis à Renault de prendre de l’avance sur la concurrence, tant en matière de réputation dans le domaine de l’électrique, que d’accumulation d’expérience. La Zoé a jeté les bases de la citadine électrique : une architecture dédiée (autrement dit : une voiture née électrique, pas une version convertie d’une auto classique), une autonomie plus que suffisante pour la vocation de la voiture, et juste ce qu’il faut dans le design pour que le public comprenne que ceci n’est pas une citadine comme les autres. Restait à faire avaler la pilule du prix qui, contrairement à la tendance générale de l’automobile, a baissé au fil des ans.
Le design : futuriste mais pas trop
Nous venons de le dire, le design de la Zoé fait partie de son concept. Et ici, l’exercice était assez délicat. Car premièrement, la Zoé étant « autre chose », on ne pouvait se reposer sur les codes esthétiques des autres Renault. Ensuite, il fallait créer un look qui exprime la vision d’avenir qu’était alors la voiture électrique, sans aller trop loin dans le futurisme, au risque d’effrayer une clientèle pas forcément engagée sur le plan écologique. En gros, la Zoé affirme assez son statut d’électrique pour plaire aux conducteurs militants, mais pas trop, pour ratisser un peu plus large que cela. Le résultat, c’est cette jolie petite bulle aux yeux tendres, qui fut à peine transformée par le renouvellement du modèle en 2019, et qui n’a pas encore trop vieilli.
La vie à bord : question de génération
Dans la Zoé, l’ambiance dépend de la génération de laquelle on parle. Dans la première, commercialisée de 2012 à 2020, Renault avait créé quelque chose de très avenant, de ludique, pour ne pas dire d’un peu enfantin. Tout était très rond, assez épuré, et finalement raccord avec la vision d’un futur indéfini qu’on pouvait avoir à l’époque. Curieusement, la planche de bord de la première Zoé nous fait un peu penser à Wall-e, ce mignon petit robot du film d’animation Pixar, dont la mission était de nettoyer une Terre si polluée que les humains l’avaient désertée.
Avec la nouvelle génération lancée en 2019-2020, la Zoé sort de l’enfance, se montre plus mature. On découvre déjà le grand écran tactile central en position verticale (devenu depuis un gimmick de Renault), un tableau de bord numérique plus lisible, plus sérieux, mais moins mignon, et une partie haute de la planche de bord qui s’habille de similicuir ou de tissu. C’est peut-être un peu moins chou, mais ça a infiniment plus de sens. Car depuis sa naissance, la Zoé a compris que le militantisme écologique ne doit pas s’arrêter à une transmission électrique. Dans la seconde génération, l’intérieur fait massivement appel aux matériaux recyclés. Ça vaut pour les plastiques, mais aussi pour le revêtement des sièges par exemple, composé de déchets de ceintures de sécurité, d’anciens tissus de sièges, et de bouteilles en plastique.
La Zoé a toujours reçu un équipement à la hauteur de son prix très « électrique ». Dès la toute première version de base, on avait donc un système multimédia à la page mais comme ces choses-là bougent très vite, à la page en 2013 n’est plus forcément au top aujourd’hui. Avec la nouvelle Zoé de 2020, le système a bien sûr évolué comme il se doit, et continue à le faire grâce à des mises à jour plus aisées. Par ailleurs, l’architecture revue de la voiture lui a alors permis de recevoir d’autres équipements indisponibles jusque-là, comme les fonctions connectées telles que la localisation et la disponibilité en temps réel des bornes de rechargement, l’éclairage full LED ou l’aide active au maintien de voie.
Enfin, il reste à dire que la Zoé est une citadine tout à fait pratique. Elle propose 4 vraies places (ou 5 si on se serre un peu à l’arrière) facilement accessibles par de généreuses portières, et un coffre de 338 litres. Et ce, quelle que soit la génération choisie.
Les motorisations : selon ce qu’on en fera
On aborde ici le domaine dans lequel la Zoé a le plus évolué au fil du temps, avant même d’effectuer le saut de génération. D’autant que dans le cas de la Zoé, le moteur n’évolue pas seul : la batterie fait de même. On trouve donc sur le marché les toutes premières Zoé, avec un moteur de 88 chevaux (ch) et une batterie de 22 kWh promettant quelque 200 km d’autonomie dans le meilleur des cas. Puis le moteur est passé à 90 ch, avec aussi plus d’efficacité, pour tirer 240 km de la même batterie. Puis est apparue la batterie de 40 kWh en 2017, grâce à quoi la Zoé pouvait dépasser les 300 km théoriques, voire 400 avec le moteur 75 ch. Puis arriva le moteur 110 ch qui tirait lui aussi près de 400 km de la même batterie (mais selon les nouvelles normes plus réalistes WLTP). Enfin, avec la nouvelle Zoé, tout le monde a eu droit à la nouvelle batterie de 55 kWh, pour laquelle Renault annonce une autonomie moyenne de 386 km ou (saluons la transparence du constructeur) quelque 250 km en hiver. Bref, il faudra bien se montrer attentif aux chiffres au moment d’acheter une Renault Zoé d’occasion, et veiller à ce que ces chiffres cadrent avec la façon dont on prévoit d’utiliser la voiture.
Le comportement routier : trop fun !
Comme toute voiture électrique, la Zoé revendique des accélérations instantanées et des reprises grisantes. Cela vaut pour n’importe quelle version, plus ou moins ancienne, car toutes disposent d’un couple de plus de 210 Nm pour plus ou moins 1.500 kg. Mais toutes les électriques n’ont pas un châssis signé Renault. Et même si celui de la Zoé est avant tout conçu pour le confort, il est loin de lâcher prise facilement lorsqu’on le malmène sur une route de montagne. Tenue de route en virage, changements d’appuis soudains, la Zoé encaisse tout sans broncher, et relance toujours comme une diablesse en sortie de virage. Vous direz qu’on parle ici d’une voiture électrique, raisonnable par définition, et que vous dire ce qu’elle donne en conduite sportive n’a aucun sens. Détrompez-vous ! Car le traitement de conducteur maniaque que nous avons fait subir à la dernière Zoé que nous avons essayée (la 135 ch) a mis en lumière sa qualité principale de voiture électrique : l’autonomie. En effet, la moitié de notre parcours de 230 km a été mené avec une conduite vraiment très dynamique. Pourtant, au moment de rendre les clés, une rapide addition entre la distance parcourue et ce que le tableau de bord annonçait d’autonomie restante donnait encore un chiffre supérieur à 300 km ! On peut donc dire très clairement que oui, l’autonomie réelle de la Zoé, en conditions normales, dépasse largement les 300 km. Dans certains cas, elle dépassera même les 400 km. Surtout en été…
Reezocar a adoré
- L'intérieur ludique de la première génération
- L'intérieur plus qualitatif et éthique de la seconde génération
- L'autonomie réelle des versions post-2020
- La vivacité mécanique et le comportement Renault
Reezocar a moins aimé
- L'autonomie des anciennes versions basiques
- Les doutes quant à la longévité des batteries après quelques années
- L'absence de recharge réellement rapide
Conclusion
L'avantage d'avoir une telle pionnière de l'électrique sur le marché, c'est qu'elle est présente en nombre sur les petites annonces. Et si on hésite à se lancer dans l'aventure électrique avec une (toujours très chère) voiture neuve, c'est peut-être une occasion qui fera de vous le larron… qui tentera l'expérience, histoire de voir.
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