Qu’est-ce que le cycle de consommation WLTP ?
WLTP, vous avez sans doute déjà vu ces quatre lettres accompagnant les valeurs de consommation et d’émissions de CO2 annoncées par les constructeurs. Il s’agit en fait de la dernière norme en la matière. Mais savez-vous exactement ce qui se cache derrière cet acronyme ? Nous allons vous éclairer sur le sujet.
En matière de consommation de carburant, et donc d’émissions, qu’elles soient polluantes ou à effet de serre, l’existence de normes auxquelles doivent se conformer les constructeurs remonte déjà à plusieurs décennies. Ainsi, en Europe, la première directive visant à limiter les émissions à l’échappement remonte à 1970 et est d’origine allemande. En 1971, la France emboîte le pas à l’Allemagne avec un règlement sur la composition des gaz émis par les moteurs à essence. La machine était en marche, et en 1973, le nouveau cycle européen de conduite (New European Driving Cycle ou NEDC en anglais) voit le jour. Il sera d’application dans la Communauté économique européenne de juillet 1973 à 2018. Il a ensuite cédé sa place au règlement actuel WLTP, en septembre 2017 (nouveaux modèles) et septembre 2018 (nouvelles immatriculations).
Que signifie WLTP ?
WLTP signifie Worldwide Harmonised Light vehicles Test Procedure. Soit, en français, « procédure d’essai mondialement harmonisée pour les véhicules légers ». Par véhicule léger, on entend les voitures particulières et les utilitaires de moins de 3,5 tonnes. Comme son nom ne l’indique pas, cette procédure a pour but de mesurer la consommation de carburant, les émissions de CO2, les rejets de polluants ainsi que l’autonomie des véhicules électriques. Notons aussi que la procédure WLTP s’applique au monde entier alors que la NEDC ne concernait que l’Europe.
Comment se déroule un cycle WLTP en pratique ?
Outre qu’elle se veut plus proche de la réalité (nous y reviendrons), la norme WLTP a aussi pour particularité qu’elle est beaucoup plus précise que la norme NEDC. Ainsi, quand un véhicule est proposé avec plusieurs montes pneumatiques, les valeurs mesurées tiennent compte de la taille des roues, car celle-ci influence la résistance au roulement, et donc la consommation et les émissions, sans oublier l’autonomie des véhicules électriques ou électrifiés. Idem pour certaines options particulièrement pénalisantes sur le plan de la masse, par exemple un toit panoramique.
Trois catégories de voitures
En fonction de la puissance massique (Pm) représentant la puissance du moteur divisée par la masse du véhicule et exprimée en Watts/kg, la norme WLTP comporte trois classes de véhicules. Ceux à très faible puissance (Pm < 22 W/kg), ceux dont la puissance massique est comprise entre 22 et 24 W/kg, et ceux dits à puissance élevée (Pm > 34 W/kg). En réalité, pratiquement toutes les voitures actuelles appartiennent à la troisième catégorie. Et pour cause, puisque même un modèle d’entrée de gamme pesant 1,2 tonne et développant 90 chevaux ou 66 kW présente déjà une puissance massique 55 W/kg.
Déroulement du cycle de mesure
Pour la troisième catégorie, en l’occurrence, celle qui nous occupe ici, le cycle de mesure est divisé en quatre phases, avec des vitesses de plus en plus élevées correspondant aux allures adoptées en ville (phase basse), en milieu extra-urbain (phase moyenne), sur route (phase haute), et sur autoroute (phase très haute). En tout, le cycle dure 30 minutes. Il se répartit comme suit :
Durée des cycles
- 589 secondes à basse vitesse
- 433 secondes à vitesse moyenne
- 455 secondes à haute vitesse
- 323 secondes à très haute vitesse
- Soit un total de 30 minutes
Distances parcourues
- 3,1 km à basse vitesse
- 4,7 km à vitesse modérée
- 7,1 à vitesse élevée
- 8,2 km à vitesse très élevée
- Soit un total de 23,2 km
Vitesses maximales
- 56,5 km/h à basse vitesse
- 76,6 km/h à vitesse modérée
- 97,4 km/h à vitesse élevée
- 131,3 km/h à vitesse très élevée
Vitesses moyennes
- 18,9 km/h à basse vitesse
- 39,5 km/h à vitesse moyenne
- 56,6 km/h à vitesse élevée
- 92 km/h pour les vitesses très élevées
- Soit une vitesse globale de 46,6 km/h
Test WLTP pour les hybrides
Comme c’était déjà le cas avec la norme NEDC, les tests pour les véhicules hybrides sont faits en double : une première fois avec une batterie chargée, une seconde avec une batterie vide. Une « moyenne » est ensuite calculée. Les guillemets se justifient parce qu’il ne s’agit pas de la somme des valeurs divisées par deux mais d’un calcul un peu plus élaboré. Quoi qu’il en soit, il apparaît clairement que les hybrides rechargeables équipés d’une grosse batterie présentent toujours des chiffres favorables en ce sens qu’ils sont capables d’effectuer le premier cycle en mode 100 % électrique. Cela dit, les choses pourraient bien changer d’ici peu, avec des consommations officielles plus élevées pour les hybrides rechargeables.
Des tests en conditions réelles
Si les mesures WLTP sont effectuées sur des bancs à rouleaux pour ce qui concerne la consommation et les émissions de CO2, elles se complètent par un test en conditions réelles appelé RDE (Real Driving Emission) permettant de mesurer les émissions d’oxydes d’azote (Nox) et de particules. Ce test se déroule en trois parties :
- En zone urbaine (vitesse maximale de 60 km/h)
- Hors agglomération (vitesse oscillant entre 60 km/h et 90 km/h)
- Sur autoroute (vitesse oscillant entre 90 km/h et 145 km/h)
Pourquoi la norme WLTP a-t-elle remplacé la norme NEDC ?
Reconnaissons-le, de 1973 à 2017, on peut dire que la norme NEDC a bien vécu. Mais pourquoi avoir changé une procédure qui, même si elle restait très théorique, permettait tout de même d’établir une comparaison sur le papier ? En fait, comparativement à la norme NEDC, outre son côté mondial, il faut bien reconnaître que la WLTP propose des conditions de tests plus proches de la réalité. Cela permet donc aux consommateurs de se faire une idée plus précise du budget carburant à prévoir. Elles donnent aussi une idée plus réaliste en matière environnementale, notamment en ce qui concerne l’empreinte carbone.
Quelles sont les principales différences entre les normes WLTP et NEDC ?
- La température de départ est de 14°C au lieu des 20 à 30°C
- La vitesse moyenne est plus élevée : 46 km/h contre 34 km/h pour le cycle NEDC
- La durée de test est plus longue : on passe de 20 à 30 minutes
- La distance parcourue lors de l’essai passe de 11 km à 23 km
- La vitesse maxi est de 10 km/h supérieure pour atteindre 131 km/h
- Le temps passé à l’arrêt ne représente plus que 13 % au lieu de 25 %
Quelles conséquences sur la consommation et les émissions ?
Avec des tests se rapprochant davantage d’une utilisation réelle, les valeurs mesurées, qu’il s’agisse de celles de la consommation ou des émissions, sont forcément plus élevées dans le cas de la procédure WLTP. On peut estimer que la différence va de 25 à 35 %. Or, cela n’est pas sans conséquence. Ni pour le consommateur devant s’acquitter de taxes directement liées aux émissions de CO2, ni pour les constructeurs, contraints de consentir davantage d’efforts pour que l’ensemble des émissions de CO2 de leur gamme ne dépasse pas les 95 g/km de la réglementation CAFE, faute de quoi, ils s’exposent à de lourdes amendes. En revanche, depuis cette nouvelle norme, les autonomies des véhicules électrifiés se sont affichées en retrait.
WLTP ou NEDC, des tests toujours vivement critiqués
Si la procédure de mesure WLTP a l’avantage d’être plus réaliste que l’ancienne NEDC, pour beaucoup d’automobilistes, les chiffres avancés par les constructeurs sont mensongers. Dans bien des cas pourtant, il est possible de les reproduire, voire de les améliorer. Il suffit pour cela de maîtriser quelques techniques simples représentant les bases de l’éco-conduite .