Compteur kilométrique trafiqué : comment le repérer ?
Acheter une voiture dont le compteur a été trafiqué, cela n’arrive pas qu’aux autres. Pour preuve, le nombre de voitures d’occasion touchées par cette arnaque s’élèverait à 600 000 chaque année selon la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA). Ainsi, ce serait 5 à 12 % des véhicules de seconde main qui seraient concernés par la fraude au compteur kilométrique. Un fléau qui aurait d’ailleurs tendance à progresser, tant l’opération se relève relativement simple. Heureusement, il existe des astuces pour repérer les compteurs trafiqués et ainsi passer son chemin.
Fraude kilométrique : les situations qui doivent vous alerter
Lorsque vous achetez une voiture d’occasion, vous devez redoubler de vigilance face à certaines situations présentant un risque plus élevé. C’est tout particulièrement le cas des véhicules en provenance de l’étranger. À titre d’exemple, l’Automobile Club Association (ACA) estime qu’un véhicule d’occasion sur trois en Allemagne a vu son compteur être trafiqué. Dans le cas d’une importation, tout particulièrement transfrontalière, l’acheteur doit donc se méfier davantage qu’à l’accoutumée. Le risque n’est toutefois pas le même partout. Ainsi, la Belgique est plutôt un bon élève en la matière grâce à la mise en place du Car-Pass, un dispositif obligeant les professionnels à noter le kilométrage du véhicule dans une base de données à chaque passage au garage.
Une autre situation fréquente requiert votre méfiance : lorsque le véhicule n’est pas vendu par la personne dont le nom apparaît sur la carte grise. Que le vendeur prétende être le cousin ou le beau-frère du propriétaire, il est important de faire attention. Et si les factures d’entretien viennent à manquer, préférez tout simplement passer à un autre véhicule. Il en va de même si le prix est largement inférieur à la valeur du marché. Pour limiter le risque d’arnaque au compteur, préférez donc acheter un véhicule dont le vendeur est propriétaire et qui possède un carnet d’entretien complet. Un comportement d’autant plus important qu’environ 15 % des automobilistes sont victimes d’une arnaque lors de l’achat d’un véhicule d’occasion selon une étude Obvy.
L’arnaque au kilométrage : aucun véhicule n’est épargné
Les véhicules avec un compteur à rouleaux ont pendant longtemps été les seules victimes des fraudes au compteur kilométrique. Bien que ces modèles tendent à disparaître – au profit des compteurs numériques -, il en existe encore sur le marché de la seconde main. Pour détecter cette arnaque, qui consiste à utiliser une perceuse branchée sur le câble du compteur, il est possible de se montrer vigilant sur l’alignement des chiffres. Dans certains cas, ils peuvent en effet être décalés. Fiez-vous également à l’état des vis de fixation des rouleaux, une usure pouvant indiquer qu’elles ont été démontées.
Mais désormais, l’arnaque au kilométrage concerne principalement les véhicules modernes avec un compteur numérique. Il faut dire qu’il est facile de les trafiquer : il suffit de brancher un appareil spécifique, dont le prix sur Internet est de 150 €, au niveau de la prise OBD du véhicule. En l’espace d’une minute, le tour est joué ! La fraude est d’autant plus terrible qu’il est presque impossible de la détecter, et ce, malgré toutes vos vérifications pour sécuriser l’achat de votre voiture d’occasion.
Comment repérer un compteur kilométrique trafiqué ?
Pour repérer un compteur trafiqué, il existe néanmoins plusieurs astuces.
- Commencez par vérifier la cohérence du kilométrage avec les factures fournies par le client. Par exemple, il faudra se méfier si le kilométrage est de 15 000 kilomètres par an et que, d’un seul coup, il passe à seulement 5 000. Même constat si le véhicule n’a pas subi d’entretien depuis un certain temps et que, pourtant, son kilométrage n’a pas augmenté depuis. En cas de doute, il ne faut d’ailleurs pas hésiter à appeler le garage ou la concession où est passée la voiture afin d’éventuellement avoir accès à une trace informatique et pouvoir ainsi détecter la présence d’un vice caché sur le véhicule.
- Il est également possible d’être face à un carnet d’entretien falsifié. Dans ce cas, il est probable qu’il ait été rempli de façon méthodique, avec une même écriture et un tampon similaire. Regardez votre propre carnet d’entretien, vous vous apercevrez que, le plus souvent, les tampons, les signatures et les couleurs d’encre ne sont jamais les mêmes, car le remplissage a été réalisé à différents moments. Une fois encore, contactez le professionnel qui est censé avoir réalisé la maintenance pour en avoir le cœur net.
- Autre méthode accessible à tous : s’intéresser à l’usure réelle du véhicule. Si le compteur a été trafiqué de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres, un certain nombre d’éléments pourront vous mettre la puce à l’oreille. Des pédales usées, un volant totalement lisse, un pommeau de vitesses où les chiffres ont disparu, une sellerie élimée… autant de signes qui peuvent démontrer qu’une voiture est plus proche des 200 000 kilomètres que des 100 000 kilomètres qu’elle affiche au compteur.
- Deux autres solutions, plus complexes celles-ci, existent également pour détecter à coup sûr une fraude au kilométrage.
- Faites vérifier la voiture par un concessionnaire de la marque : en se connectant sur le véhicule, il pourra généralement connaître le kilométrage réel, notamment en s’intéressant aux différentes mémoires des boîtiers. En effet, il est possible que le kilométrage ait été abaissé uniquement au compteur, et non au niveau du boîtier de gestion moteur ou de la clé.
- Contacter l’UTAC-OTC : à condition de pouvoir prouver que vous êtes le propriétaire du véhicule, vous pouvez demander à cet organisme qu’il vous fournisse l’historique des kilométrages relevés lors des différents contrôles techniques. Cette demande peut directement être réalisée sur leur site.
CE QU’IL FAUT RETENIR
- Méfiez-vous des véhicules dits « à risque » (prix inférieur au marché, pas de carnet d’entretien, etc.).
- Décortiquez les factures pour relever l’éventuelle arnaque kilométrique.
- Contactez un professionnel pour en avoir le cœur net.
Le point de vue de Teddy
« Si vous êtes victime d’une arnaque au compteur kilométrique, un seul réflexe : demander une expertise. C’est sur cette base qu’il sera possible d’annuler la vente, de faire baisser le prix ou d’entamer une procédure judiciaire. Un dernier élément pourra d’ailleurs convaincre le fraudeur de régler la situation à l’amiable : ce délit est passible de 2 ans de prison et de 37 500 € d’amende. »