Distance de freinage en voiture : comment la calculer ?

Faut-il vraiment avoir des connaissances en physique pour rouler en voiture en toute sécurité ? A priori, non. Cela dit, prendre conscience de certaines notions élémentaires reste une excellente idée. Non pas pour briller en société, mais tout simplement pour se rendre compte, grâce à de petites astuces toute simples, qu’arrêter un véhicule en marche en toute sécurité, c’est bien plus qu’appuyer sur une pédale.

Calculer la distance parcourue en fonction de sa vitesse

Tout d’abord, un petit rappel s’impose. Vous roulez à 50 km/h. Pas très vite, donc. Pourtant, en transformant les kilomètres en mètres et l’heure en secondes (en divisant la valeur des km/h par 3,6), vous vous apercevrez qu’à 50 km/h, vous parcourez près de 15 m (13,9 pour être précis) par seconde. Bien entendu, cette distance est proportionnelle à la vitesse. À 90 km/h, cela nous donne donc 25 m/s et à 130 km/h, 36,1 m/s. À 130 km/h, chaque seconde, vous parcourez donc l’équivalent de 1,5 terrain de tennis, ou, pour plus de facilité, 3 terrains de tennis toutes les 2 secondes. La comparaison est étonnante, non ?

Qu’est-ce que la distance de freinage ?

Rentrons maintenant dans le vif du sujet. La distance de freinage est celle parcourue entre le moment où le conducteur appuie sur la pédale de frein et celui où le véhicule s’arrête. Cette distance est directement liée à l’énergie cinétique dégagée par la masse du véhicule en mouvement. L’énergie cinétique est égale au produit de la moitié de la masse par le carré de la vitesse. On comprend aisément qu’un camion ne s’arrête pas aussi facilement qu’une voiture. Mais c’est surtout au carré de la vitesse qu’il faut prendre garde. Car de 25 à 50 km/h, si la vitesse est double, la distance de freinage sera elle 4 fois plus élevée. Dans le même ordre d’idées, à 100 km/h, la distance de freinage sera 16 fois supérieure.

Quels sont les facteurs qui l’influencent ?

On l’a vu, la vitesse est le facteur déterminant principalement la distance de freinage, directement suivi par la masse du véhicule. Un autre facteur dont l’importance n’est pas à sous-estimer, c’est l’adhérence. Or, l’adhérence dépend de nombreux autres sous-facteurs, tels que :

L’état de la chaussée (sol sec ou mouillé, asphalte ou pavés, etc.). En cas de pluie, prenez en compte que votre distance de freinage sera de 50 % supérieure.
L’état des pneus (sur route mouillée, des pneus usés évacuent moins bien l’eau)
L’état des freins
L’état des amortisseurs
Les conditions atmosphériques (la température notamment)

Qu’est-ce que le temps de réaction ?

Comme son nom l’indique, le temps de réaction est le temps qui s’écoule entre le moment où le conducteur a pris connaissance du danger, et celui où il commence à appuyer sur la pédale de frein. Cette variable dépend uniquement de l’état du conducteur. Aucun équipement, même les aides à la conduite les plus modernes, ne peuvent réduire le temps de réaction.

En règle générale, le temps de réaction moyen tourne aux alentours d’une seconde. Or, comme dit ci-dessus, sur autoroute à 130 km/h, vous parcourez plus de 36 mètres chaque seconde !

Quand le temps de réaction augmente-t-il ?

Le temps de réaction peut très vite augmenter. Parmi les principales causes de ralentissement des réflexes, on trouve :

La distraction (téléphone, passager(s), enfants qui se chamaillent, paysage, etc.).
La fatigue
La consommation d’alcool ou de stupéfiants
L’éblouissement (par exemple à la sortie d’un tunnel ou en conduite de nuit)

Quand le temps de réaction diminue-t-il ?

La bonne nouvelle, c’est que le temps de réaction peut être diminué. Pour ce faire, ne comptez pas sur un produit miracle ou sur les dernières technologies d’aides à la conduite, mais uniquement sur l’anticipation. Ainsi, lors d’une situation à risque (sortie de virage masquée, priorité de droite sans visibilité dégagée, etc.), pensez à placer votre pied face au frein. Vous gagnerez du temps en n’ayant plus à déplacer votre pied dans l’urgence, mais surtout, votre cerveau sera déjà préparé à un éventuel danger. Dans les meilleurs cas de figure, le temps de réaction peut ainsi être divisé par 3.

Comment calculer la distance d’arrêt ?

La distance d’arrêt, c’est la distance de freinage additionnée de la distance parcourue pendant le temps de réaction du conducteur. Plutôt que de rentrer dans de grandes démonstrations mathématiques, retenez simplement ceci : pour calculer la distance d’arrêt, il suffit de multiplier par elle-même la dizaine de la vitesse du véhicule. Exemple : à 50 km/h, 5 x 5 = 25 (mètres). Avouez, vous ne pensiez pas que ce serait si simple !

Les distances de sécurité entre deux véhicules

Bien entendu, pour s’arrêter en toute sécurité, il faut que la distance d’arrêt soit inférieure à la distance de sécurité. Si à 130 km/h, vous roulez à 30 mètres de la voiture qui vous précède (sur autoroute, deux tiers des conducteurs ne respectent pas les distances de sécurité) et que pour une raison ou une autre, le conducteur de cette dernière se met à piler sur les freins, compte tenu de ce qui précède, vous avez compris que la collision sera inévitable. Concrètement, l’intervalle à respecter par rapport au véhicule qui est devant vous est de 2 secondes. La petite astuce rigolote, c’est de prendre un point de repère et de prononcer à vitesse normale « crocodile » deux fois de suite avant d’arriver au repère suivant. Si vous y arrivez trop tôt, ralentissez pour laisser davantage d’espace devant vous.

Distance de sécurité, vers l’arrière aussi

En voiture, le danger peut venir de partout, et aussi de l’arrière. Pour ne pas vous faire surprendre, contrôlez régulièrement ce qui se passe derrière vous en jetant un œil dans le rétroviseur intérieur. Vous serez ainsi paré à réagir en cas de menace.

Distance de sécurité dans les files

Ici aussi, il existe un petit truc tout simple pour savoir si vous êtes à bonne distance de la voiture qui vous précède : vous devez toujours être en mesure de voir ses roues arrière. Si vous devez dégager la voie rapidement, vous n’aurez pas à faire une marche arrière. Tandis que si le pire devait survenir (une collision par l’arrière), en ayant le pied bien appuyé sur le frein, vous devriez pouvoir éviter de percuter la voiture vous précédant, ou en tout cas, cela devrait limiter l’intensité du choc.

En résumé

La distance d’arrêt est donc la somme de la distance parcourue pendant le temps de réaction du conducteur et celle parcourue pendant la distance de freinage, soit celle écoulée entre l’instant où le conducteur freine et où le véhicule est à l’arrêt.
Le temps de réaction dépend uniquement de l’état du conducteur, mais il peut être amélioré grâce à l’anticipation.
La distance d’arrêt sur sol sec peut être obtenue en multipliant par elles-mêmes les dizaines de la vitesse (à 130 km/h : 13 x 13 = 169 m).
Sur route mouillée, la distance de freinage peut être augmentée de moitié.