Stellantis assume ses choix et lance le « Forum sur la liberté de mouvement »
Las des décisions à l’emporte-pièce de l’Europe et peut-être plus encore de l’attitude de soumission dont font preuve beaucoup de constructeurs en s’engluant dans l’écologiquement correct, le groupe Stellantis a décidé de quitter l’Association des Constructeurs Européens d’Automobile afin de mieux réfléchir à la mobilité de demain.
Si Stellantis électrifie de plus en plus de modèles de ses marques (certains ne sont d’ailleurs même plus disponibles avec un moteur thermique), c’est sans doute plus pour échapper aux amendes prévues par la réglementation CAFE(Corporate Average Fuel Economy) visant les constructeurs affichant des rejets de CO2 trop élevés que par conviction écologique. À la tête du groupe, Carlos Tavares a d’ailleurs toujours clairement fait part de son scepticisme au sujet de l’électrification généralisée de l’automobile en Europe. Aussi, le vote par le Parlement européen de l’interdiction de la vente de voitures à moteur thermique (y compris les hybrides) à partir de 2035 aura été la goutte de trop pour le groupe aux 14 marques qui annonçait le 13 juin dernier sa décision de claquer la porte de l’ACEA (l’Association des Constructeurs Européens d’Automobiles) dès la fin de l’année.
Réfléchir, puis agir
Ainsi, plutôt que de suivre aveuglément la tendance actuelle, Stellantis a préféré prendre ses distances par rapport aux autres constructeurs en créant le « Forum sur la liberté de mouvement ». Lors de cette réunion annuelle, des contributeurs engagés à résoudre les problèmes dans une approche basée sur des faits se donneront rendez-vous. Avec quel objectif ? Celui d’identifier la façon d’apporter une mobilité propre, sûre et abordable pour la société et faire face aux enjeux du réchauffement climatique.
Le « Forum sur la liberté de mouvement », prévu pour début 2023, réunira un ensemble diversifié d’expertspoursuivant un but commun. Celui de trouver des solutions en adoptant une analyse à 360° de la problématique environnementale. La manière de travailler sera, semble-t-il, opposée aux décisions prises par l’Europe.
« Une mobilité propre, sûre et abordable »
« Nous avons l’intention de créer un forum public dans lequel les contributeurs pourront se réunir pour aborder les questions clés entourant le débat sur la mobilité décarbonée et proposer des prochaines étapes concrètes que nous pourrons entreprendre ensemble. L’accès à une mobilité propre, sûre et abordable pour les citoyens du monde entier est en jeu », a déclaré Carlos Tavares, CEO de Stellantis. On retiendra surtout de cette déclaration le mot « abordable », qui ne rime pas vraiment avec « électrique ». Du moins, pour l’instant.
Le « Forum sur la liberté de mouvement » sera planifié et coordonné par un conseil consultatif d’experts, notamment des fournisseurs de mobilité et de technologies, des universitaires, des politiciens, et des scientifiques. Le forum accueillera des débats sur un certain nombre de sujets en s’appuyant sur des faits pour générer des idées et des solutions tout en étant ouvert au public.
Un geste fort
En annonçant qu’il cessera d’être membre de l’Association des Constructeurs Automobiles Européens (ACEA) d’ici la fin de cette année, le groupe Stellantis a posé un geste fort. Le groupement des marques DS, Opel, Peugeot, Citroën, Fiat, Lancia, Jeep, Abarth, Alfa Romeo et Maserati affirme ainsi son intention de s’écarter de la pensée parfois aveuglée par le tout électrique. À ce propos, de plus en plus de voix dissonantes se font entendre en soulignant les problématiques liées à cette mobilité totalement électrique. On peut citer, entre autres : le manque de bornes de recharge, l’incapacité des réseaux à supporter une demande nettement plus importante. Ou encore la transformation des villes en jungle… de câbles électriques qui pendront aux fenêtres des immeubles.
Bref, loin d’être évidente, la transition énergétique promet d’être tout aussi passionnante que passionnée.
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