Qu’est-ce qu’une autoroute en flux libre ?
Autoroute en flux libre : les projets se multiplient
Voulues par le gouvernement, les autoroutes en flux libre sont de plus en plus nombreuses en France. Bien qu’elles permettent de fluidifier le trafic et de réduire la pollution, elles ne sont toutefois pas exemptes de tout reproche. Fonctionnement, avantages, inconvénients et portions concernées : découvrez tout ce qu’il faut savoir sur ce dispositif.
Une autoroute sans barrières de péage
Une autoroute en flux libre, aussi appelée « free-flow », est une autoroute sans barrières de péage. À la place, des portiques sont installés au-dessus des voies de circulation. Grâce à des caméras et des capteurs, ces installations sont en mesure de détecter les badges de télépéage et de lire les plaques d’immatriculation.
Les portiques vont aussi calculer automatiquement le montant à payer en fonction du trajet réalisé et de la catégorie du véhicule (voiture, moto, etc.). Selon les opérateurs, les automobilistes disposent alors de plusieurs solutions pour le paiement :
- via un site Internet dédié ;
- aux bornes installées sur les aires de repos ;
- grâce à une carte de paiement attribuée à la plaque d’immatriculation ;
- ou même dans certains bureaux de tabac.
L’ambition de fluidifier le trafic
Grâce aux autoroutes en flux libre, les automobilistes n’ont plus besoin de s’arrêter aux péages pour prendre un ticket et payer. Un avantage indéniable puisque cela permet de fluidifier la circulation et d’améliorer la sécurité des usagers. C’est également un gain de temps considérable car le paiement va concerner l’intégralité du trajet réalisé par l’automobiliste.
Mais le « free-flow » pourrait aussi permettre de réduire la pollution. L’absence d’arrêt aux péages permet en effet aux véhicules de limiter leur consommation de carburant et donc leurs émissions de CO2.
Des installations qui se démocratisent
L’essor des autoroutes en flux libre est notamment dû à la Loi d’orientation des mobilités de 2019, encourageant les opérateurs à adopter la technologie pour diminuer les embouteillages et la pollution. Un premier dispositif est testé dès mars 2019 par la société Sanef, au niveau du péage de Boulay sur l’A4. La même année, Vinci Autoroutes fait de même sur les sites de Tours Nord (A10) et de Tonnay-Charente (A837). D’autres projets ont suivi, dont un tronçon de près de 90 kilomètres sur l’A79, entre Montmarault et Digoin.
Au cours de l’année 2024, c’est l’axe A13-A14 entre Paris et la Normandie qui va passer au flux libre. Encouragée par le gouvernement et portée par Sanef, cette transformation va entraîner la suppression de 5 barrières de péage. Selon les estimations, cela devrait permettre de (1) :
- fluidifier le trafic grâce à un gain de temps de 1,4 milliard d’heures par an ;
- diminuer la pollution lumineuse car les barrières de péage sont éclairées actuellement ;
- réaliser des économies de carburant de 9,5 milliards de litres par an, soit environ 23 000 tonnes équivalent CO2/an.
Une efficacité remise en question
À en croire Sanef, la démocratisation des autoroutes en flux libre est pour le moment une réussite. L’opérateur estime en effet que le système est efficace dans 99 % des cas. Pourtant, de nombreux couacs ont déjà été dénoncé par les automobilistes. C’est tout d’abord le cas de ceux qui ne connaissent pas encore le dispositif et qui ne savent pas comment payer. D’autres ont révélé un mauvais calcul dans le prix du trajet, voire même des amendes injustifiées. Des automobilistes passés par le péage de Boulay se sont même retrouvés avec des factures de plusieurs milliers d’euros, preuve que le système n’est pas encore totalement au point.
Pour y remédier, l’association 40 Millions d’automobilistes plaide pour un premier passage gratuit. Cela permettrait à ce que la première absence de paiement déclenche l’envoi d’un courrier pédagogique au conducteur fautif, et non une facture majorée. C’est d’ailleurs ce que semble faire l’opérateur APPR qui, depuis 2022, adresse des courriers d’informations aux usagers pour leur expliquer le fonctionnement des autoroutes en flux libre.
Un dispositif qui gagne à se perfectionner
Comme toute nouveauté, l’autoroute en flux libre va certainement mettre du temps à être adoptée par les automobilistes. En plus de changer leurs habitudes, ce dispositif peut s’avérer complexe pour les usagers ne disposant pas d’un badge de télépéage. Ces derniers doivent en effet payer ultérieurement, généralement dans les 3 jours, sous peine d’amende. Le paiement pose aussi problème car, à l’heure actuelle, chaque gestionnaire d’autoroutes propose ses propres modes de paiement : chez un buraliste partenaire pour la Sanef, en s’inscrivant sur l’application Ulys pour Vinci, etc.
Malgré ces dysfonctionnements et autres changements à prévoir, l’autoroute en flux libre est bien partie pour se démocratiser sur l’ensemble du territoire, comme le souhaite le gouvernement. Pour preuve, de nombreux projets sont déjà actés sur :
- un tronçon de 60 kilomètres de l’A69 entre Castres et Toulouse (mise en service prévue pour 2025) ;
- un tronçon de 16 kilomètres sur l’A412 entre Machilly et Thonon (2026) ;
- un tronçon neuf de 90 kilomètres sur l’A154 (2028) ;
- un tronçon neuf de 40 kilomètres entre l’A28 et l’A13 (2030) ;
- les axes A41 Nord, A410, A43, A48 et A49 mais uniquement à l’entrée de l’autoroute (entre 2025 et 2029).
(1) Source : Lancement du projet d’autoroute en flux libre Paris-Normandie – Gouvernement – 2021