Nissan Navara : le gros bébé anti-malus
C’était le roi des chantiers. Mais aujourd’hui, le pick-up est plutôt devenu le roi de la débrouille. Celle qui consiste à slalomer entre les réglementations tatillonnes. Et surtout, à éviter le malus écolo qui, depuis son instauration a tué le marché des gros 4×4. Attention, on n’évoque pas les SUV à deux ou 4 roues motrices juste bons à grimper les trottoirs, mais les baroudeurs purs et durs, aptes à grimper aux murs. Pour eux, la note est sévère : 8 000 euros de surcoût pour leur permettre de s’équiper de bons gros moteurs à mazout et couple de camions. Sauf que les pick-up sont rangés dans la catégorie « véhicules professionnels » en raison de leur benne, même quand elle ne sert qu’à trimbaler une armoire normande ou un jet-ski et qu’elle ne pose jamais les pneus sur un chantier. D’où le succès de l’engin qui s’écoule tout de même, bon an mal an, à 14 000 exemplaires. Alors, puisque demande il y a l’offre s’en accommode et les constructeurs tentent d’en profiter et de lancer de nouveaux modèles. Le leader du genre depuis des années, le Ford Ranger, va d’ailleurs avoir fort à faire avec les duettistes de l’Alliance qui déboulent ces temps-ci. Car Renault-Nissan n’a pas vraiment envie de laisser le champ libre à l’Américain.
Alors, le nouveau Nissan Navara ouvre la voie de la reconquista. Bientôt suivi par son frère jumeau, le Renault Alaskan. Cherchez pas : à part la face avant, et un bout de planche de bord, ce sont les mêmes engins. Des trucs capables de tracter 3,5 tonnes, et d’en charger une de plus dans sa benne. De beaux bébés donc, mais pas que. Le Navara-Alaskan sait aussi se rendre confortable. C’est que, contrairement au Ranger, il a abandonné les fameuses lames de ressort à l’arrière, caractéristique des 4×4 rustiques, pour les troquer contre des ressorts et des amortisseurs ultra renforcés, mais plus doux pour les lombaires. La bête de somme ne s’est pas transformée en animal de compagnie pour autant. Mais il est un poil plus confortable que son prédecesseur. Sans pour autant être inapte à la grimpette hors des sentiers, car il dispose toujours d’un châssis indépendant, garanti d’un crapahutage correct. A bord, ce Navara (l’Alaskan n’arrive que dans quelques mois) sait même se rendre civilisé puisque sa planche de bord, et ses équipements, sont ceux du Qashqai et de son cousin rallongé X-Trail. Evidemment, l’engin de plus de 5,20m et de près de deux tonnes ne se conduit pas exactement comme une citadine, mais plutôt comme un bateau dont il faut anticiper les changements de cap. Mais une fois l’habitude adoptée à la barre, ou au volant, l’ensemble se montre plutôt maniable, et même, osons le qualificatif, véloce. Même avec le « petit » moteur de 160ch. Ce 2.3 DCI est également disponible en version 190ch, pas forcément indispensables, tant l’entrée de gamme s’avère costaude, armée d’un couple de 405Nm. Le tout se vend, en version double-cabine (5 places et 4 portes), au prix de 32400 euros, pour grimper jusqu’à 41 210 euros. C’est cher, certes, mais reporté au prix du kilo, c’est loin d’être excessif. Et surtout, la benne magique évite à l’équipage d’écoper d’un malus de 8 000 euros. Pas si mal.