Le bioéthanol, vraie alternative aux carburants traditionnels ?
Les prix des carburants à la pompe continuent de battre des records. Face à cette hausse, des alternatives, comme le bioéthanol, séduisent de plus en plus d’automobilistes qui cherchent à faire des économies.
Depuis plusieurs semaines maintenant, les prix des carburants ne cessent d’augmenter. Selon les derniers chiffres publiés par le ministère de la Transition écologique, des records ont même été enregistrés un peu partout en France.
En l’espace d’une semaine, le gazole a augmenté de plus de 3,3 centimes. Aujourd’hui, il se vend en moyenne à 1,62 euro le litre. Le sans-plomb 95-E10 s’échange pour 1,6821 euro, soit une augmentation de 2 centimes au cours des dernières semaines.
Le sans-plomb 95 enregistre lui aussi une hausse. Il est désormais vendu aux alentours des 1,70 euro le litre. Le sans-plomb 98, le plus cher de tous, se négocie autour de 1,77 euro le litre. Dans certaines régions, celui-ci a même atteint la barre symbolique des 2 euros !
Alors, certains automobilistes cherchent d’autres alternatives aux carburants traditionnels pour éviter de payer le prix fort à la pompe. Le bioéthanol, aussi appelé E85, séduit de plus en plus, notamment grâce à ses tarifs attractifs.
Le bioéthanol, qu’est-ce que c’est ?
Largement popularisé depuis une dizaine d’années, le bioéthanol est fabriqué à l’aide de betteraves ou de céréales (blé, maïs…). Le carburant est obtenu par la fermentation des sucres présents dans ces matières végétales. À la pompe, le carburant est commercialisé sous l’appellation Superéthanol-E85. Comme son nom l’indique, c’est un carburant composé de 65% à 85% de bioéthanol en incorporation directe, et d’essence sans-plomb 95.
Selon le ministère de la Transition écologique, plus de 95% de la production de bioéthanol est effectuée en France. « Dans l’hexagone, la betterave à sucre et les céréales (blé, maïs) sont les principales ressources utilisées pour la production d’éthanol d’origine agricole, aussi appelé bioéthanol. Il peut être également obtenu avec certains résidus vinicoles (marcs de raisin et lies de vin). Les sucres (glucose ou saccharose) contenus dans les plantes sucrières (betterave à sucre, canne à sucre) et les plantes amylacées (céréales comme le blé ou le maïs) sont transformés en alcool par un procédé de fermentation industrielle. L’alcool est ensuite distillé et déshydraté pour obtenir du bioéthanol. Les coproduits obtenus lors du processus de production (drêches et pulpes) sont destinés à l’alimentation animale. »
Considéré comme une énergie renouvelable, le bioéthanol permet également de diminuer les émissions de gaz à effet de serre. Le carburant avait été plébiscité dans les années 2000 par Jacques Chirac. Mais c’est en réalité depuis quelques années que la vente de bioéthanol connaît un véritable essor.
Quels sont les avantages de rouler au bioéthanol ?
L’avantage principal de rouler au bioéthanol est son faible prix à la pompe. En moyenne, celui-ci est vendu 60% moins cher que l’essence traditionnelle.
Le bioéthanol se négocie aux alentours de 0,65 euro le litre. Un prix attractif qui s’explique notamment par une faible taxe. Alors que le litre d’essence et de gazole est taxé autour de 60-68 centimes d’euros, l’E85 l’est à moins de 12 centimes.
En France, plus de 2 720 stations-service proposent du super-éthanol. Un chiffre qui a doublé en à peine deux ans. Pour 2022, l’objectif est d’atteindre les 3 000 points de distribution.
Comment rouler au bioéthanol ?
Si vous faites le choix du bioéthanol, plusieurs solutions s’offrent à vous. D’abord, il est possible de convertir votre véhicule. Grâce à l’ajout d’un boîtier spécial, une voiture essence peut donc recevoir le carburant. En revanche, un diesel ne peut être équipé d’un kit de conversion.
De nombreuses entreprises se sont spécialisées dans l’installation de ce boitier électronique. Moyennant entre 800 et 1 500 euros, ce kit de conversion ne peut être installé sur tous les véhicules. Tous dépendra donc du carburant que vous utilisez, mais aussi du kilométrage de votre voiture ou encore de son année d’immatriculation.
Ce boîtier, logé sous le capot, permet de mesurer la proportion d’éthanol dans le réservoir afin d’adapter la quantité de carburant à injecter dans le moteur. La pose d’un kit E85 nécessite donc un investissement de départ. Mais il peut être réduit grâce aux subventions régionales. Des constructeurs proposent directement des modèles neufs pouvant recevoir du bioéthanol. En France, Ford et Jaguar-Land Rover disposent de tels véhicules à leur catalogue. L’avantage principal est de bénéficier d’une garantie constructeur en cas de problèmes.
Des comparateurs en ligne permettent d’estimer le gain mensuel lors du passage au bioéthanol, et d’évaluer en combien de temps le prix du boitier peut être rentabilisé. Pour un automobiliste qui parcourt 13 000 kilomètres par an au volant d’un véhicule consommant 6L/100 km et qui passerait au superéthanol E85 pourrait gagner près de 50 euros par mois. Ainsi, le boîtier serait amorti en un an et neuf mois.
Quelles sont les démarches ?
Si vous optez pour ce changement à l’aide du boîtier de conversion, vous devez obligatoirement modifier votre carte grise. Selon les régions, le prix de ce changement est gratuit, ou bien divisé par deux. Inutile de se rendre en préfecture, il est possible de faire les démarches directement en ligne.
L’achat d’un véhicule flexfuel ou l’installation d’un boîtier peut vous permettre d’obtenir des aides jusqu’à 1 500 euros.
À noter que la pose d’un kit de conversion peut annuler la garantie constructeur. Rassurez-vous, le fabricant du boîtier offre une couverture des pièces en contact avec le bioéthanol.