Ford Mustang : une vieille dame toujours dans le coup
Une vieille dame ? Pensez donc, 52 ans, pour une auto, c’est un millénaire. Mais si la Ford Mustang galope depuis un demi-siècle, celle d’aujourd’hui n’est pas du tout la même qui sévissait en 1964. Quoique l’esprit originel flotte toujours sur son long capot. Mais c’est quoi déjà le spirit d’une Mustang. C’est celui de Lee Iacocca, boss de la marque à l’époque. Son truc à lui, c’était de concocter une sportive pas chère, pour les kids baby-boomers.
Alors le patron a bricolé en greffant un bon gros V8 sur un châssis approximatif (en l’occurrence celui d’une Ford Falcon) et en coiffant le tout d’une tôle de coupé simple, effilée, et rudement efficace. Efficace, la tenue de route de l’auto était beaucoup moins. Et pour tout dire, aléatoire. Pas grave, l’affaire s’est formidablement bien vendue et le mythe s’est installé. Même si, avec son pont arrière rigide, il fallait être dingue comme Steve mc Queen dans Bullit pour sauter par dessus les rues de San Francisco, ou grand pilote comme Jean-Louis Trintignant pour rejoindre son Anouck Aimée aimée sous la pluie à Deauville dans Un homme et une femme.
La nouvelle Ford Mustang
Mais cinquante ans plus tard, ce n’est pas cette poutre inconduisible qui nous revient. Pour les nostalgiques, elle est toujours disponible d’occasion. Mais son ultime version, vendue en Europe depuis un an, elle, a troqué son pont rigide digne d’un engin de chantier contre des roues indépendantes. Tant pis pour les puristes qui transpiraient à bord des anciennes versions avant d’aborder un virage, la Stang a enfin posé ses pneus dans le 21e siècle. Même si, par temps de pluie, les 421 ch envoyé sur le train arrière n’ont de cesse de passer devant. Vous avez bien lu, dans sa version V8, la cavalerie est particulièrement fournie. Et ce ne sont pas des chevaux de traie qui déboulent à la première sollicitation de l’accélérateur, mais des ponys des Grandes Plaines qui s’annoncent dans un sourd glougloutement de remorqueur. Un terme qui colle d’ailleurs à la taille de la bête qui est aussi longue qu’un Renault Espace.
Une comparaison qui ne doit pas grand chose au hasard puisque le coupé Ford coûte peu ou prou le prix du monospace. Sauf que les joies que l’on éprouve au volant des deux autos (même avec la version 4 cylindres et 313ch de la Mustang) ne sont pas vraiment du même ordre. Aux turbulences de l’une répond le vaste cocon de l’autre. Car on ne peut pas dire que l’habitacle de la Mustang soit conçu pour embarquer une famille nombreuse. Les places arrière ressemblent à des sièges bébé (même si certaines Porsche sont bien plus mauvaises élèves dans le genre) et les rangements sont aux abonnés absents. Mais on ne va pas reprocher à une Formule 1 d’être dépourvue d’une prise USB pour recharger son portable.
Alors rendons à la Mustang ce qui lui appartient et redonnons lui sa vraie fonction : celle d’un jouet pour grands, d’une machine à remonter le temps, d’un engin qui défie les ans.