Et si la batterie atomique était le futur de la voiture électrique ?
La batterie nucléaire : l’avenir de la voiture électrique ?
Dévoilée au début de l’année par Betavolt Technology, la BV100 est une batterie à énergie nucléaire présentée comme révolutionnaire. Une taille miniature, une durée de vie de 50 ans et une absence de recharge : autant d’atouts qui pourraient permettre à cette batterie atomique d’incarner l’avenir de la voiture électrique. Décryptage.
Une batterie nucléaire miniature à la longévité record
Le 8 janvier dernier, l’entreprise chinoise Betavolt Technology a présenté un prototype révolutionnaire : une batterie miniature à énergie atomique baptisée BV100. Développée depuis 2021, elle étonne tout d’abord par son volume équivalent à celui d’une pièce de monnaie (15 x 15 x 5 mm3). Cette batterie, qui serait le premier modèle nucléaire à être produit de série, délivre une puissance de 100 microwatts et une tension de 3 volts. Plus impressionnant encore, sa longévité : elle pourrait avoir une durée de vie de 50 ans, sans charge, ni entretien.
Pour atteindre de telles performances, la BV100 dispose d’une architecture innovante : elle associe un isotope radioactif (nickel-63), encadré par deux couches de semi-conducteurs diamant de 4e génération. La désintégration de la source radioactive permet de créer de l’énergie, captée et convertie en courant électrique par les semi-conducteurs comme le précise le communiqué de presse de l’entreprise chinoise. Grâce à cette innovation, la société se targue d’ailleurs d’être « bien en avance sur les entreprises de recherche scientifique européennes et américaines » en la matière.
La promesse de nombreux usages technologiques
Pour l’heure, la BV100 ne dispose pas de la puissance nécessaire pour alimenter des appareils courants, tels que des ordinateurs et des Smartphones par exemple. Toutefois, cette batterie atomique combine deux atouts : la miniaturisation et la modularité. À en croire le fabricant chinois, les futures batteries pourraient ainsi se composer de plusieurs dizaines ou centaines de modules similaires, disposés en série et/ou en parallèle. L’intérêt : produire des blocs beaucoup plus puissants, mais dont les dimensions resteraient maîtrisées. Dans cette optique, Betavolt Technology entend développer d’ici 2025 une première batterie atomique d’une puissance de 1 watt.
Selon l’entreprise chinoise, la BV100 permettrait ainsi de répondre aux besoins d’alimentation de très longue durée de nombreux secteurs d’activité. Elle vise tout particulièrement l’aérospatial qui, actuellement, utilise des batteries thermonucléaires coûteuses, très volumineuses et lourdes. Mais l’industriel avance également d’autres débouchés pour sa batterie atomique, dont les équipements médicaux, les infrastructures nécessaires à l’intelligence artificielle, les drones ou encore les microrobots.
Une réponse aux limites des voitures électriques ?
Bien que Betavolt Technology ne l’évoque pas à travers son communiqué de presse, l’automobile pourrait aussi constituer un marché très important pour la batterie à énergie nucléaire. Il faut dire que la BV100 offrirait une densité énergétique plus de 10 fois supérieure à celle des batteries lithium, actuellement utilisées au sein des voitures électriques. Autrement dit, à poids équivalent, une batterie atomique pourrait stocker 10 fois plus d’énergie qu’une batterie lithium-ion. De quoi considérablement augmenter l’autonomie des véhicules électriques, dont les plus performantes affichent une autonomie théorique de l’ordre de 700 kilomètres à l’heure actuelle.
Autre atout : la batterie nucléaire pourrait fonctionner pendant 50 ans sans recharge, ni maintenance. Contrairement aux modèles lithium, elle ne serait donc pas limitée à un certain nombre de cycles de décharge-recharge. De plus, elle répondrait aux problématiques liées à la recharge des voitures électriques car elle fonctionnerait en totale autonomie. Les pouvoirs publics n’auraient donc plus besoin de développer les infrastructures dédiées à la charge si la technologie s’avérait à la hauteur de ses prétentions.
Des interrogations liées à la sécurité et à l’environnement
Forcément, l’énergie nucléaire fait et fera toujours débat, a fortiori pour un usage civil. Mais, une fois encore, la société chinoise se veut rassurante. Selon elle, la BV100 « ne prendra pas feu et n’explosera pas » en cas d’accident, notamment car elle peut fonctionner sur une très large gamme de températures, allant de – 60 à 120 °C. Ajoutant que la batterie « est absolument sûre (et, NDLR) ne produit aucun rayonnement externe ».
Betavolt Technology souligne enfin que « les batteries à énergie atomique sont respectueuses de l’environnement » car l’isotope radioactif, une fois désintégré, se transforme en isotope de cuivre, stable, non radioactif et ne présentant aucun risque de pollution. De quoi résoudre également la question du recyclage des batteries.
Révolution ou utopie ?
L’annonce de Betavolt Technology a de quoi faire rêver. La batterie atomique pourrait en effet totalement révolutionner le monde de l’énergie, notamment au sein de l’automobile. À condition de tenir toutes ses promesses, la technologie est susceptible de solutionner de nombreuses problématiques : l’autonomie des véhicules, le poids et l’encombrement des batteries, la recharge ou encore le recyclage.
Certes, les entreprises chinoises démontrent de plus en plus régulièrement qu’elles se sont lancées dans une véritable course technologique, à l’image du constructeur BYD qui ambitionne de conquérir le marché auto européen grâce à ses véhicules innovants et à bas coût. Mais l’annonce de Betavolt pourrait aussi être uniquement un coup de communication, une façon de narguer les industriels occidentaux.
Préférons donc rester prudent, d’autant plus que, par le passé, d’autres innovations présentées comme des technologies de rupture n’ont pas eu les résultats escomptés : la batterie solide, les routes électriques offrant une recharge par induction ou même tout simplement l’hydrogène.