Carburants synthétiques : des constructeurs auto continuent à y croire !
Alors que le gouvernement allemand a récemment fait machine arrière et retiré son soutien aux carburants synthétiques (e-fuel), plusieurs constructeurs, comme Porsche, Hyundai et Kia entre autres, continuent à investir massivement dans cette technologie pour réduire les émissions de CO2.
Mi-mars, un tweet du nouveau gouvernement allemand annonçait qu’il faisait machine arrière et retirait son soutien aux carburants synthétiques (e-fuel) : « Le nouveau gouvernement allemand soutient le projet de la Commission européenne et donc la fin du moteur à combustion interne pour les voitures et camionnettes dans l’UE à partir de 2035 », avait déclaré le Ministère de l’Environnement allemand sur le réseau social. L’ancien gouvernement soutenait pourtant ce carburant « propre », produit à partir d’hydrogène vert (obtenu par électrolyse de l’eau à partir d’électricité renouvelable) et de dioxyde de carbone (CO2) capté dans l’air. Dans les faits, comme l’explique le groupe automobile Hyundai, l’e-fuel permet de réduire les émissions de 80 %. Même s’il reste cher à concevoir, son avantage est en effet d’être produit en captant du CO2 déjà rejeté dans l’air. Le carburant synthétique est donc neutre en carbone et serait très utile durant la transition vers des véhicules totalement électriques.
Ce qu’en pensent les constructeurs
Porsche a récemment renforcé ses investissements – on parle de plus de 100 millions de dollars – pour produire du e-fuel au Chili à partir de mi-2022. Selon le constructeur allemand de voitures de sport, les carburants synthétiques peuvent verdir le parc automobile mais aussi le secteur de l’aviation et l’industrie chimique (on pense aux huiles, notamment).
Le groupe Hyundai a également annoncé récemment avoir conclu un accord avec la Saudi Arabian Oil Company (Aramco) et la King Abdullah University of Science and Technology (KAUST) afin de mener des recherches conjointes pour le développement des e-carburants.
De son côté, Ralf Brandstatter, le PDG de la marque VW, émet un avis divergent : « Les carburants synthétiques sont chers et disponibles en quantités limitées. Ils ne seraient pas rentables pour une marque à fort volume comme Volkswagen. »
Quel son de cloche chez les constructeurs français ? Nous savons que Carlos Tavares, patron du groupe Stellantis qui détient notamment Peugeot, Citroën et DS, est contre le 100% électrique, qui est selon lui une décision purement politique.
L’électrification: une décision politique
Rappelons qu’à partir de 2035, l’Europe l’a acté, seules les voitures neuves vendues devront être impérativement électriques. Cela signifie que les voitures à moteur thermique pourront encore circuler en Europe… Les e-fuel pourraient donc aider à réduire les émissions de CO2, même à bord des véhicules hybrides équipés d’un moteur thermique et d’un moteur électrique, fortement défendus par Emmanuel Macron. Ce dernier voudrait d’ailleurs que l’Europe repousse l’interdiction des ventes de voitures neuves non-électriques à 2040… Ce que voulait également l’ancien gouvernement allemand. Mais en changeant de ministres, le gouvernement allemand a changé d’avis… Ceci prouve bien qu’il s’agit, comme l’explique Carlos Tavares, de décisions politiques…