Assurances auto : les Français réticents au boîtier
Une offre d'assurance automobile où la prime varie en fonction des données de conduite remontées par un boîtier installé dans la voiture ? Sur le plan légal et culturel, la France y est plutôt réticente.
« La sensation d’être fliqué pour gagner 5 euros par mois, ça ne marche pas », assène dès le départ Christophe Dandois, patron de la néo-assurance Leocare. « Pour le client, le jeu n’en vaut pas la chandelle ». Et pourquoi ? Car les économies générées se montrent trop faibles pour justifier l’installation d’un mouchard envoyant vitesse, distance parcourue et style de conduite à son assureur.
La formule du « pay as you drive » (payez en fonction de votre conduite) n’est pas nouvelle en France. La compagnie Direct Assurance propose par exemple depuis 2015 une offre baptisée « Youdrive », qui va jusqu’à prendre en compte la qualité de prise de virages du conducteur pour ajuster sa prime chaque mois. Elle reste cependant pudique sur son nombre de clients.
Un score de conduite
D’autres acteurs comme Groupama s’y sont essayés, avant de faire marche arrière. « Parmi les freins figure en bonne place la réglementation très stricte sur l’usage des données », souligne Axa France. Le premier assureur français, par ailleurs maison mère de Direct Assurance, s’est cependant associé en décembre au groupe automobile Stellantis, pour proposer ce type de produit.
Le nouveau propriétaire d’un véhicule se voit attribuer à l’issue des six premières semaines un score de conduite basé sur quatre critères : accélération, freinage, vitesse et utilisation du véhicule (distance et durée), sans installation de boîtier puisque le véhicule est déjà connecté. Cette note déterminera le niveau de remise consenti sur le tarif initial, revu au bout d’un an. Une méthode semblable à celle de Tesla, qui teste depuis moins d’un an sa propre police d’assurance dans neuf Etats des USA. Grâce aux données collectées directement par la voiture, un score de sécurité est calculé et détermine la prime du mois suivant.
« Vous effectuerez des paiements mensuels basés sur votre comportement au volant au lieu des facteurs traditionnels tels que le crédit, l’âge, le sexe, l’historique des sinistres et le dossier de conduite utilisés par les autres fournisseurs d’assurance », vante la société d’Elon Musk.
Une solution pour les jeunes conducteurs ?
« S’il peine à se développer en France, le concept peut avoir un sens pour les jeunes conducteurs », reconnait toutefois Christophe Dandois. Ces derniers ne disposant pas d’antécédents de conduite, ils payent par défaut le prix fort. Les offres ne développent par ailleurs qu’un volet bonus, jamais de malus. Enfin, pour Emmanuel Wehry, directeur marketing de Direct Assurance, « l’accidentologie des clients « Youdrive » est sensiblement plus basse, de l’ordre de 15 % ». Selon lui, le dispositif inciterait à conduire mieux, plus calmement et à moins utiliser la voiture.
Morale de ces enseignements : il faut croire qu’à force de se sentir épiés de toutes parts, de nombreux automobilistes estiment que le fait de se sentir libre dans sa voiture vaut bien de payer des primes « classiques », quitte à ce qu’elles soient plus élevées.
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