50 ans de sécurité routière en France
En 50 ans de règlementations, de campagnes de prévention et de contestation, la sécurité routière a vu le nombre de morts sur les routes de France divisé par six. Cependant, face aux nouvelles causes d'accident, il importe de ne pas relâcher les efforts.
Cet été, la sécurité routière fêtera son cinquantième anniversaire en allant à la rencontre des Français avec une exposition itinérante et immersive retraçant son histoire. Au menu, 10 époques à traverser dans 10 voitures de légende.
L’exposition itinérante débute en 1972, à bord d’une Renault 5 orange dont l’autoradio passe une chanson de Michel Fugain. Cette année-là, plus de 18 000 personnes meurent sur les routes de l’Hexagone, un bien triste record.
« Cette année marque une prise de conscience », rappelle Marie Gautier-Melleray, la déléguée interministérielle à la sécurité routière. « On comprend qu’il ne faut pas seulement prendre des mesures éparses et ponctuelles, mais mener une politique cohérente. »
La sécurité routière s’installe alors au menu des grandes préoccupations de plusieurs ministères.
La sécurité routière : une cause nationale
En 1973, le gouvernement impose la ceinture de sécurité à l’avant des voitures et les premières limitations de vitesse. Le port du casque aux deux roues hors-agglomérations viendra en 1975. Le nombre annuel des morts retombe alors entre 10 et 11 000.
20 ans plus tard, les véhicules sont bardés d’équipements obligatoires tels que les airbags ou le système de freinage ABS (Anti-lock Braking System, qui évite les roues de se bloquer en cas de freinage). Ils sont aussi conçus pour mieux résister aux chocs. Mais le nombre de décès sur les routes stagne. Il faut dire aussi que le nombre de véhicules en circulation a considérablement augmenté.
Après sa réélection en 2002, Jacques Chirac fait de la sécurité routière une grande cause nationale et déploie, entre autres mesures, des batteries de radars dans tout le pays. Ce nouveau tour de vis suscite aussitôt des critiques. Les usagers de la route s’interrogent sur son efficacité et, surtout, dénoncent son côté liberticide : le mythe de l’automobile outil de liberté en prend un coup.
Acceptabilité
En 2018, la vitesse maximale est réduite à 80 km/h sur les routes nationales. Pour l’association 40 millions d’automobilistes, ce changement marque une « rupture dans l’acceptation de la sécurité routière », décrit son secrétaire général, Pierre Chasseray.
L’exposition de la sécurité routière rappelle en retour que les vagues de mesures ont toutes eu un effet sur la courbe des décès et sur les comportements des usagers. Dans une Citroën DS, la radio diffuse le témoignage, en 1973, d’un homme sauvé par sa ceinture de sécurité.
« Il faut une génération pour que l’acceptabilité d’une mesure soit totale », estime Anne Lavaud, la déléguée générale de la prévention routière. « Il faut sans cesse rappeler les raisons de ces règles », rappelle-t-elle néanmoins. Avec elle, les associations redoutent que la sécurité au volant recule dans la liste des préoccupations des Français et appellent à de nouvelles mesures.
« La sécurité routière a du mal à mobiliser », regrette M. Chasseray, « Elle est assimilée à la pose de radars et à du matraquage de sanctions », notamment en matière de vitesse ou d’usage du téléphone portable au volant.
Vice-président de la Ligue contre la violence routière, Jean-Yves Lamant estime lui que « L’acceptabilité des mesures est un faux sujet ». Il déplore que les gouvernements « s’abritent derrière ça quand ils ne veulent pas prendre de mesures ».
Relâchement et stupéfiants
En 2019, la dernière année non affectée par la pandémie, la route a fait moins de 3 500 morts. Mais la déléguée à la sécurité routière ne s’en contente pas. « Depuis 2022, on constate un relâchement dans le comportement des conducteurs, à tous les niveaux », relève Marie Gautier-Melleray.
Dans la dernière voiture de l’exposition, une Renault Captur de dernière génération, un flash info rappelle ainsi le besoin de lutter contre la conduite sous l’emprise de stupéfiants. Ceci passe inévitablement par l’augmentation des contrôles et la répression.
« L’objectif, comme fixé par l’ONU, est de diviser par deux le nombre de morts et de blessés graves en France », insiste la déléguée à la Sécurité routière.
Visitez l’exposition itinérante près de chez vous ou sur la route des vacances
Hyères les 19 et 20 juillet
Nice, les 21 et 22 juillet
Marseille, les 23 et 24 juillet
Montpellier les 25 et 26 juillet
Biarritz les 28 et 29 juillet
La Baule, les 30 et 31 juillet
A lire aussi
-
Quels sont les équipements de sécurité indispensables en voiture ?
-
L’Union Européenne impose un système qualifié de « dangereux » pour les automobilistes