DS en 2024 : une marque 100 % électrique, objectif 700 km d’autonomie

Dans le courant de l’été, Carlos Tavares, le PDG de Stellantis, annonçait que DS Automobiles serait la première marque du groupe à se convertir au 100 % électrique. À travers un communiqué de presse publié fin août, le constructeur français a confirmé cette ambition et a indiqué que cet objectif serait tenu pour 2024. Il est même allé plus loin à travers une annonce majeure : la commercialisation d’un modèle promettant jusqu’à 700 kilomètres d’autonomie, et ce, grâce aux nouvelles plateformes de Stellantis. Retour sur ces déclarations qui risquent de profondément transformer le visage de DS Automobiles et, plus globalement, du groupe Stellantis.

DS Automobiles : précurseur du 100 % électrique

En raison de restrictions de plus en plus contraignantes sur les émissions de CO2, l’heure est aux énergies propres pour les constructeurs. Alors que Renault a annoncé vouloir sortir définitivement du diesel d’ici 2025, DS Automobiles a, pour sa part, décidé d’aller plus loin, plus vite. La marque haut de gamme appartenant au groupe Stellantis, fondé en début d’année suite à la fusion de PSA et de Fiat Chrysler Automobiles, prend en effet un virage extrême : à partir de 2024, DS ne proposera plus que des nouveaux modèles 100 % électriques. Le constructeur ne supprimera cependant pas tout de suite les véhicules hybrides de son catalogue, se contentant simplement de ne plus développer de nouveaux modèles dotés d’une motorisation thermique.

Si DS Automobiles tient ses engagements, elle sera la toute première marque a abandonné définitivement le thermique (à l’exception des marques historiquement électriques, comme Tesla par exemple). Preuve de l’avance du constructeur français en la matière, Volvo ne devrait franchir le pas du 100 % électrique qu’en 2030, Audi devrait y venir en 2033, tandis que Honda et Toyota ont annoncé leur volonté d’y parvenir en 2040 seulement. L’objectif de Stellantis est d’autant plus impressionnant que le groupe ambitionne de faire passer plusieurs autres de ses marques au tout électrique à court terme. C’est notamment le cas de Lancia à partir de 2026 (tous les modèles disposeront également d’une déclinaison électrifiée dès 2024), d’Alfa Roméo à partir de 2027 ou encore d’Opel dès 2028 (uniquement sur le marché européen).

Les plateformes STLA : l’avenir électrique de Stellantis

Pour atteindre cet objectif ambitieux, DS Automobiles va pouvoir s’appuyer sur les 4 nouvelles plateformes techniques – entièrement dédiées à l’électrique – du groupe Stellantis, présentées durant l’été.

STLA Small : cette première plateforme – dont pourraient hériter les futures Fiat 500e et Peugeot e-2008 par exemple – concernera les véhicules des segments A et C, incluant principalement les citadines et les polyvalentes. Elle permettra d’équiper les véhicules d’une batterie dont la capacité varie entre 37 et 82 kWh, promettant ainsi une autonomie maximale de 500 kilomètres et une puissance de 95 chevaux.
STLA Medium : regroupant les véhicules des autres segments dans la limite d’une longueur de 5 mètres, dont un nouveau modèle inédit abordé par la suite, cette unité proposera des batteries d’une capacité comprise entre 87 et 104 kWh, promettant jusqu’à 700 kilomètres d’autonomie. Si le gros de la gamme devrait afficher une puissance allant de 170 à 245 chevaux, les modèles les plus puissants pourraient recevoir des blocs développant jusqu’à 449 chevaux.
STLA Large : réservée à certains modèles haut de gamme du groupe, d’une longueur comprise entre 4,8 et 5,5 mètres, cette plateforme permettra une transmission intégrale avec deux moteurs. Mais, surtout, elle promet une puissance maximale de 449 chevaux et une autonomie théorique de plus de 800 kilomètres.
STLA Frame : destinée essentiellement aux véhicules utilitaires, dont les camionnettes et les pick-ups, cette plateforme pourra être dotée de batteries d’une capacité de 200 kWh si l’on en croit Stellantis. Tout aussi impressionnant, la puissance des véhicules pourrait être portée à près de 900 chevaux sur certains modèles.

DS, première marque a inauguré la nouvelle plateforme Stellantis

En entreprenant ce virage électrique à marche forcée, DS Automobiles est loin de se lancer dans l’inconnu. Depuis 2019, la marque tricolore a en effet placé l’électrification de son catalogue au cœur de sa stratégie. Grâce, entre autres, à la DS3 Crossback E-Tense, à la DS 4 E-Tense, à la DS 7 Crossback E-Tense ou encore la DS 9 E-Tense, le constructeur est aujourd’hui celui affichant les plus faibles émissions moyennes de CO2 en Europe (83,1 g/km). Il peut aussi s’enorgueillir de disposer d’une gamme électrifiée représentant déjà 30 % de ses immatriculations neuves. Pour accompagner la mutation de la marque, Béatrice Foucher, Directrice Générale de DS Automobiles, entend ainsi « accélérer le développement pour créer un nouvel art du voyage 100 % électrique, désirable en termes de plaisir et remarquable en termes de qualité et de performances ». Un revirement de situation qui a de quoi faire sourire le grand public lorsqu’on sait que Carlos Tavares, alors PDG du groupe PSA, déclarait en 2020 que « les voitures électriques ne sont achetées que par des « accros de l’écologie » et n’ont pas l’attrait nécessaire pour atteindre les consommateurs ordinaires ».

Quoi qu’il en soit, DS Automobiles semble se donner les moyens de ses ambitions puisque le groupe a annoncé la commercialisation d’une nouvelle DS 4 E-Tense 100 % électrique pour 2024. Plus important encore, le constructeur devrait développer le premier projet 100 % électrique de Stellantis s’appuyant sur la plateforme STLA Medium. Ce futur modèle, probablement baptisé E-Tense comme le reste de la gamme, promet jusqu’à 700 kilomètres d’autonomie grâce à une batterie d’une capacité maximale de 104 kWh. Bien que la marque n’en ait pas dévoilé davantage, les rumeurs vont déjà bon train sur ce véhicule, certains pariant sur un SUV décliné du concept-car DS Aero Sport Lounge, dévoilé l’année dernière.

Une autonomie de 700 kilomètres qui laisse songeur

Sur le papier, cette future DS 100 % électrique a de quoi séduire, principalement en raison de son autonomie maximale de 700 kilomètres. Toutefois, l’annonce du constructeur peut aussi laisser dubitatif, dans la mesure où très peu d’éléments techniques ont filtré. L’autonomie annoncée est-elle en cycle WLTP ou urbain ? Qu’en est-il sur autoroute ? Quel est le prix envisagé de commercialisation ? Quelles sont ses performances en matière de vitesse ou de puissance ? Autant de questions laissées sans réponse. Espérons que DS Automobiles corrige le tir très vite afin de rassurer quant à ses ambitions.

L’autre problème, c’est qu’une autonomie de 700 kilomètres n’a rien de vraiment exceptionnel… s’il faut attendre 2024 pour en profiter. Pourquoi ? Tout simplement car plusieurs modèles offrent déjà, à l’heure actuelle, une autonomie supérieure ou s’en approchant. Si Tesla a finalement annoncé l’annulation de la Model S Plaid+, qui promettait jusqu’à 837 kilomètres d’autonomie, l’Américain peut toujours compter sur la Plaid classique (628 kilomètres) et la Model 3 (614 kilomètres) pour relativiser les performances de la future DS électrique. À ce petit jeu, on peut également citer la Lucid Air, produite depuis cette année et revendiquant jusqu’à 832 kilomètres d’autonomie (selon les normes américaines de test). N’oublions pas non plus la Mercedes EQS, commercialisée également depuis cette année, et qui affiche une autonomie maximale de 770 kilomètres en cycle WLTP. D’ici 2024, la barre des 700 kilomètres pourrait donc déjà être devenue obsolète.

CE QU’IL FAUT RETENIR

En 2024, DS Automobiles ne développera plus que des nouveaux modèles 100 % électriques, bien que certains anciens modèles hybrides resteront au catalogue de la marque.
Le constructeur affiche déjà les plus faibles émissions de CO2 moyennes en Europe.
La marque sera la première du groupe Stellantis à utiliser l’une des nouvelles plateformes dédiées à l’électrique.
En 2024, elle proposera une nouvelle DS 4 E-Tense électrique, ainsi qu’un modèle reposant sur la plateforme STLA Medium et promettant 700 kilomètres d’autonomie.
D’autres modèles atteignent ou s’approchent déjà des 700 kilomètres, pouvant remettre en question les ambitions de DS Automobiles.

LE POINT DE VUE DE LAURIE

« L’intention de DS Automobiles de passer au 100 % électrique d’ici 2024 est un coup de force. Néanmoins, rien ne dit – à l’heure actuelle – que la marque ait les moyens de ses ambitions, l’échéance semblant très proche. En réalité, cette annonce a véritablement de quoi nous laisser sur notre faim, d’autant plus que DS en a trop dit (ou pas assez, c’est selon) sur son futur modèle basé sur la plateforme STLA Medium. Espérons simplement que les paroles seront suivies d’effets et qu’il ne s’agit pas, comme c’est souvent le cas en ce moment, d’un simple coup de communication. »