Les véhicules électriques : où en sera-t-on en 2022 ?
Quel avenir pour les voitures électriques à l’horizon 2022 ?
La voiture électrique, une évidence à (très) court terme
La crise sanitaire a mis en lumière LE grand changement qui devrait s’opérer sur le marché automobile : le passage au tout-électrique. Alors que les ventes de véhicules thermiques s’effondrent, les voitures « propres » connaissent un essor considérable. Une tendance qui devrait d’ailleurs s’accélérer à très court terme, dans la mesure où tout l’écosystème participe à cette mutation (réglementation, incitations fiscales, etc.).
L’électrique, un marché qui ne connaît pas la crise
En raison de la crise sanitaire, la tendance du marché automobile tricolore est à la baisse. Tous véhicules confondus, le nombre de ventes a chuté de 25,5 % en 2020 par rapport à 2019, et même de 26,1 % pour les seules voitures particulières, selon les chiffres fournis par le CCFA (Comité des constructeurs français d’automobiles) (1). Pour les constructeurs, l’année 2021 n’invite d’ailleurs pas à l’optimisme puisque, en février, le nombre d’immatriculations de voitures particulières avait de nouveau diminué de 20,9 % par rapport à février 2020 (2).
Sans grande surprise, ce sont tout particulièrement les véhicules thermiques qui ont fait les frais de la crise due à l’épidémie de Covid-19. Alors qu’il s’était vendu 2,04 millions de voitures particulières essence et diesel en 2019, ce nombre a chuté à 1,28 million en 2020, soit une baisse record de près de 38 % (3).
Dans ce marasme général, les voitures 100 % électriques semblent être les gagnantes, au grand dam des constructeurs n’ayant pas emprunté ce virage. Par rapport à leurs homologues thermiques, elles ont en effet réalisé le chemin inverse : alors qu’elles se sont vendues à 42 700 exemplaires en 2019, près de 111 000 voitures particulières électriques ont été immatriculées en 2020, soit une progression fulgurante de 260 %. Elles ont d’ailleurs représenté 6,7 % du marché l’année passée, contre seulement 1,9 % en 2019 (3). Une tendance à la hausse qui ne semble d’ailleurs pas devoir s’interrompre en 2021, ni même en 2022.
Un cadre réglementaire au profit de l’électrique
La hausse annoncée du parc automobile électrique trouve également son origine dans les évolutions réglementaires, portées notamment par l’Union européenne. Le marché doit en effet faire face à de nombreuses mesures dont l’objectif est essentiellement de réduire les émissions de CO2 et ainsi de mettre un terme aux véhicules thermiques.
- Une production de véhicules moins polluants : votée en 2019, la loi d’orientation des mobilités (LOM) prévoit que 37,5 % des véhicules produits par les constructeurs affichent des émissions de CO2 inférieures à 60 g/km en 2030. Puis, d’ici 2040, c’est l’intégralité des voitures neuves qui devra être électrique ou hydrogène.
- Des flottes plus vertes : toujours dans le cadre de la loi LOM, les flottes publiques et privées ont également l’obligation de passer progressivement à l’électrique et à l’hydrogène. À titre d’exemple, les entreprises avec plus de 100 véhicules doivent compter 10 % de véhicules « verts » en 2022, 20 % en 2024 et 50 % en 2030.
- La création de ZFE-m : les grandes agglomérations ne respectant pas les normes de qualité de l’air de manière régulière ont l’obligation, dans les un à deux ans à venir, de créer une zone à faible émission mobilité (ZFE-m). Conséquence ? Les voitures les plus polluantes seront progressivement interdites de circulation en ville. À partir du 1er juin 2021, les véhicules Crit’Air 4, Crit’Air 5 et sans vignette seront interdits à Paris par exemple. Puis il est prévu que cela soit le cas de tous les véhicules thermiques d’ici 2030.
Une conversion à marche forcée pour les constructeurs
Face à ce cadre réglementaire de plus en plus strict, les constructeurs n’ont d’autre choix que de passer à l’électrique à marche forcée. C’est tout particulièrement l’obligation de réduire les émissions globales des véhicules produits qui inquiète les industriels. Pour preuve, certains experts estiment que 7 véhicules vendus sur 10 devront être 100 % électriques ou hybrides rechargeables en 2030 afin de respecter les futures obligations en la matière (4).
Si bien que de nombreux constructeurs, jusqu’à présent réticents, ont finalement annoncé des objectifs ambitieux pour verdir leur production. L’exemple le plus révélateur est certainement celui de General Motors, l’Américain souhaitant vendre uniquement des véhicules 100 % électriques à partir de 2035. Même volonté chez Ford qui ne proposera plus que des modèles électriques en Europe à compter de 2030. Un virage que va également emprunter le groupe Volkswagen. Représentant à lui seul un tiers du marché européen grâce à ses 12 marques (Volkswagen, Audi, Skoda, etc.), le géant allemand estime que les véhicules électriques s’accapareront 60 % de ses ventes en Europe d’ici 2030. Au vu de ces différentes annonces, Matthias Schmidt, un analyste indépendant interrogé par les Echos, table d’ailleurs sur 9 millions de voitures électriques produites annuellement sur le Vieux Continent dès 2030, soit un taux de pénétration de 60 % (4).
Un sentiment d’urgence qu’accentuent d’ailleurs certains de nos voisins. Ainsi, la Norvège a annoncé vouloir interdire la vente de véhicules neufs à combustion dès 2025, tandis que le Royaume-Uni souhaite faire de même en deux temps (2030 et 2035). Mais d’autres pays semblent emprunter la même voie, à l’image du Danemark, de la Suède et des Pays-Bas. Les constructeurs prennent ces déclarations d’autant plus au sérieux que la future norme pour les moteurs thermiques, à savoir Euro 7, semble être un véritable casse-tête. Si bien que certains s’interrogent même sur l’utilité de réaliser des investissements colossaux pour mettre aux normes leurs motorisations diesel et essence, alors que les jours de ces dernières sont comptés.
Des incitations de plus en plus nombreuses
La grande interrogation est maintenant de savoir si les automobilistes vont suivre le mouvement. C’est d’ailleurs pour cette raison que le gouvernement multiplie les mesures afin d’encourager les Français à franchir le cap de l’électrique, notamment par des incitations fiscales et le développement des bornes de recharge.
- De nouvelles aides financières : bien que les montants du bonus écologique et de la prime à la conversion de 2021 diminuent à compter du 1er juillet, l’État ne compte pas abandonner l’électrique. Outre le bonus de 1 000 € pour l’achat d’un véhicule électrique d’occasion, instauré en décembre 2020, un nouveau dispositif de financement vient de voir le jour. Baptisé « microcrédit véhicules propres », il permet notamment aux foyers modestes d’emprunter 5 000 € dans des conditions avantageuses pour l’achat d’un modèle électrique. Des incitations qui, selon toute vraisemblance, devraient se multiplier dans les années à venir.
- L’obligation d’installation de bornes : au sein des bâtiments neufs résidentiels disposant de plus de 10 places de stationnement, la loi LOM prévoit que toutes soient pré-équipées pour recevoir une borne électrique. Une obligation qui devrait également concerner les bâtiments non résidentiels à compter de 2025.
- La création de voies dédiées : les agglomérations ont désormais la possibilité de réserver certaines voies de circulation aux véhicules électriques et hydrogène, partagées avec les bus, taxis et véhicules de covoiturage. Une piste qui pourrait d’ailleurs être rapidement appliquée sur le périphérique parisien.
- La prise en charge des frais de déplacement : au sein des entreprises de plus de 50 salariés, les frais de recharge des véhicules électriques et hydrogène pourront également être pris en charge par l’employeur, au même titre que les carburants traditionnels. Une obligation complémentaire de celle prévoyant l’installation de bornes de recharge sur les parkings d’entreprise.
Une volonté de développer le nombre de bornes électriques
Malgré toutes ces mesures, l’essor de l’électrique ne peut se faire sans un meilleur maillage du territoire en bornes de recharge. C’est pour cette raison que le gouvernement a annoncé vouloir atteindre 100 000 points de charge ouverts au public d’ici fin 2021. Alors que ce nombre n’était encore que de 31 000 en février dernier (5), une enveloppe de 100 millions d’euros a été débloquée pour tenir cet objectif. Celle-ci devrait d’ailleurs permettre de financer un certain nombre de mesures :
- aider les entreprises à tenir leurs engagements en matière de création de bornes : à titre d’exemple, E.Leclerc a annoncé 10 000 nouveaux points de recharge publics d’ici 2022, tandis que Système U en vise 2 000 d’ici la fin de l’année ;
- renforcer le programme Advenir afin de prendre en charge jusqu’à 60 % du coût d’installation des points de recharge ouverts au public, soit 9 000 € au maximum ;
- accélérer le déploiement sur le réseau autoroutier afin que toutes les aires de service soient dotées de stations de recharge au 1er janvier 2023 au plus tard.
Sources :
(1) Marché automobile français – Décembre 2020 / 2019 – CCFA – 2021
(2) Le marché automobile français – Février 2021 – CCFA – 2021
(3) Le marché automobile français – Décembre 2020 – CCFA – 2021
(4) Les constructeurs automobiles se résignent à la fin accélérée des moteurs thermiques – Les Echos – 2021
(5) Baromètre, février 2021 – Les immatriculations d’électriques et d’hybrides rechargeables se maintiennent – Avere-France – 2021
CE QU’IL FAUT RETENIR
- Le marché électrique poursuit son essor malgré la crise sanitaire.
- Le nouveau cadre réglementaire incite les constructeurs à passer à l’électrique.
- Le réseau de bornes de recharge devrait être multiplié par 3 d’ici la fin de l’année.
LE POINT DE VUE DE LAURIE
« À l’heure actuelle, l’achat d’une voiture électrique est avant tout une question de conviction. Mais ne nous y trompons pas : d’ici 5 ans au maximum, le passage à l’électrique sera très certainement une obligation, tant les interdictions pour les véhicules thermiques deviendront de plus en plus palpables. Une raison suffisante pour franchir le cap dès maintenant ? À vous de nous le dire. »