Horizon 2030 : à quoi ressemblera le parc automobile français ?

Écrit par La rédaction le 16 février 2021
Horizon 2030 : à quoi ressemblera le parc automobile français ?

À quoi va ressembler le parc automobile français en 2030 ?

 

En 2030, le parc automobile français sera partagé, autonome et électrique

Partagée, autonome et électrique : la voiture type de 2030 ne devrait plus rien à voir avec celle que l’on utilise actuellement. Il faut dire que le parc automobile français et européen devrait connaître des évolutions majeures dans les 10 ans à venir, poussées notamment par la course au zéro carbone. Et bien que les automobilistes n’y soient pas forcément préparés, tout laisse à croire que le changement se fera, quoi qu’il arrive, à marche forcée.

 

Moins de voitures, mais plus de déplacements individuels

Le marché automobile, actuellement frappé par la crise sanitaire, devrait voir sa transformation s’accélérer dans les années à venir. À en croire une étude menée par le cabinet d’audit PwC, l’Europe devrait en effet compter 80 millions de voitures en moins d’ici 2030. Dénombrant actuellement 280 millions d’unités, le parc automobile européen devrait en effet passer à seulement 200 millions, soit un recul de presque 30 % en l’espace de 10 ans. Le Vieux Continent ne sera cependant pas le seul à connaître ce repli puisque les Etats-Unis, temple de la voiture individuelle, devraient également voir leur parc roulant passer de 270 à 212 millions d’unités, soit une baisse de plus de 20 % (1).

Pour autant, cela ne signifie pas que les particuliers vont abandonner l’usage de la voiture, loin s’en faut. Paradoxalement, le nombre de kilomètres parcourus en auto va augmenter d’ici 2030, en France comme dans le reste de l’Europe. À l’échelle du continent, cette progression est en effet estimée à 23 %, soit près de 5,9 milliards de kilomètres supplémentaires annuellement. La raison ? Bien que le nombre de propriétaires diminue, la mobilité partagée va considérablement augmenter, entraînant une explosion significative du trafic individuel. Toujours selon l’étude de PwC, un kilomètre parcouru sur trois sera « partagé » d’ici la décennie à venir. L’offre dite « à la demande », représentant aujourd’hui 1 % des trajets en Europe, ne devrait pas non plus y être étrangère puisqu’elle devrait passer à 20 % en 2030 (1).

 

Des véhicules plus sollicités et remplacés plus rapidement

Comme nous venons de le voir, le parc roulant sera moins important, mais réalisera davantage de kilomètres. Une situation qui a une conséquence évidente : le kilométrage annuel moyen des véhicules devrait exploser dans les années qui viennent. Alors qu’une voiture parcourt actuellement environ 17 000 kilomètres par an (2), le véhicule partagé de demain devrait réaliser 58 000 kilomètres, une distance équivalente à celle d’un taxi, contre seulement 13 230 kilomètres pour un véhicule non partagé. Un scénario qui exige néanmoins que les automobilistes acceptent de franchir le cap de la mobilité partagée. La route semble d’ailleurs devoir être longue pour y parvenir, comme l’illustre la situation de nos voisins allemands : à l’heure actuelle, 54 % excluent totalement le recours au partage d’un véhicule (1).

Beaucoup plus sollicitée qu’aujourd’hui, la voiture type de 2030 va, en toute logique, voire son usure s’accélérer. Alors que l’âge moyen des véhicules français était de 10,6 ans en 2020 (3), la voiture partagée type de 2030 sera remplacée tous les 3,9 ans en moyenne. De leur côté, les véhicules individuels devraient être changés toutes les 17,3 années, principalement en raison d’un usage moindre et de l’amélioration attendue de la fiabilité. Si la baisse du parc roulant aurait pu constituer une menace pour les professionnels, les tendances sur le marché automobile sont en réalité plutôt optimistes. Pour preuve, le nombre d’immatriculations en Europe devrait bondir d’un tiers d’ici 10 ans, représentant ainsi plus de 24 millions d’unités chaque année (1). Un renouvellement accéléré qui est de bon augure pour les constructeurs, mais également pour toute la filière (concessions, garages, loueurs, etc.).

 

La voiture de 2030 sera autonome… et électrique

Cette transformation du parc roulant devrait également s’accompagner d’une évolution du profil des véhicules. Toujours selon le cabinet PwC, 4 kilomètres sur 10 devraient être parcourus à bord d’un véhicule autonome d’ici 2030. Tout laisse donc à croire que le secteur va opérer une transition vers la « mobilité en tant que service ». En effet, avec l’avènement du tout-autonome, la production et la vente de véhicules ne devraient plus représenter que la moitié de la création de valeur pour la filière automobile, contre 85 % à l’heure actuelle. La moitié restante ? Elle sera réalisée grâce à la gestion des parcs autonomes et à la création de services numériques. À titre d’exemple, 21 % des Français souhaitent que la voiture autonome de demain dispose d’un écran de cinéma dans le pare-brise, tandis qu’ils sont 38 % à désirer une commande vocale pour gérer leur véhicule (4). Et lorsqu’on sait que déjà 47 % des Européens seraient prêts à délaisser leur véhicule individuel au profit des « robotaxis », tout laisse à croire que la mobilité de 2030 sera bel et bien partagée et autonome (5).

Sous l’impulsion notamment du bonus écologique et de la prime à la conversion, maintenues pour 2021, le parc automobile tricolore devrait également s’électrifier plus rapidement qu’on ne le pense. À en croire une étude du cabinet Boston Consulting Group, les véhicules électriques et hybrides rechargeables devraient représenter 39 % des ventes en France en 2030, contre environ 10 % à l’heure actuelle. À l’échelle du monde, plus d’un véhicule vendu sur deux sera même électrifié (6). Sans grande surprise, les motorisations thermiques devraient connaître, dans le même temps, un recul progressif. L’Ademe estime en effet que les véhicules diesel et essence devraient connaître une décroissance respective de 7,7 et 2,3 % par an, ne représentant plus que 15,9 et 15,5 % des immatriculations en 2030 en France (7). Et si le coût d’une voiture électrique représente aujourd’hui un frein majeur pour les automobilistes, cela devrait rapidement ne plus être le cas. À en croire l’agence de recherche BloombergNEF, le prix des batteries devrait diminuer de 77 % d’ici 2030, lui qui représente environ la moitié du tarif d’un véhicule électrique à l’heure actuelle. Dès 2025, il devrait ainsi être déjà plus avantageux d’acheter une voiture électrique plutôt qu’une thermique, aussi bien en France que dans le reste de l’Europe (8).

 

Un réseau de bornes à multiplier par 35 en seulement 10 ans

Face à l’électrification attendue du parc automobile, une question se pose : le réseau de recharge sera-t-il suffisant ? Bien que le gouvernement se mobilise en ce sens, lui qui a fixé un objectif de 100 000 bornes d’ici la fin de l’année, le chemin pour y parvenir semble encore être très long. Pour preuve, la France ne comptait que 28 929 points de recharge ouverts et accessibles au public en octobre dernier. Malgré les aides publiques, à l’image de la subvention maximale de 9 000 € dans le cadre du programme Advenir, les installations de nouvelles infrastructures ont tendance à stagner ces derniers temps. Ainsi, par rapport à juin 2020, le nombre de bornes de recharge n’a progressé que de 0,2 %, principalement en raison de la crise sanitaire et de la fermeture de deux réseaux majeurs (Bluecub et Bluely). Une situation d’autant plus problématique que les stations de recharge rapide, indispensables pour les trajets longue distance, ne représentent pour l’heure que 6,5 % de l’ensemble du parc tricolore (9).

Pour soutenir le développement de la voiture électrique, les pouvoirs publics affichent un objectif pour le moins ambitieux : disposer de 7 millions de points publics et privés d’ici 2030 sur l’ensemble du territoire, alors que l’on en dénombre que 200 000 aujourd’hui. Le gouvernement se donne pourtant les moyens de multiplier son parc par 35 en l’espace de 10 ans, notamment par le biais d’incitations financières et fiscales. Pour preuve, le Programme d’investissement pour l’avenir (PIA) a déjà financé des installations à hauteur de 61 millions d’euros depuis sa création (10). Des investissements nécessaires puisque le rapport Transport & Environment estime que 467 000 bornes publiques seront nécessaires à l’Hexagone en 2030, tandis que l’Europe en aura besoin de 2,9 millions (11).

 

Face aux futures interdictions, les constructeurs prennent les devants

Pour les automobilistes, il peut déjà être judicieux de s’offrir une voiture green grâce au bonus écologique afin d’anticiper ces évolutions. Il faut dire qu’elles ne devraient d’ailleurs plus tarder à se faire sentir, à condition que le cap fixé par le gouvernement soit tenu : il ambitionne de réduire les émissions de CO2 de 37,5 % d’ici 2030, avant d’interdire la vente des voitures utilisant des énergies fossiles d’ici 2040 (12). Mais l’électrification du parc pourrait aller encore plus vite selon les territoires. L’exemple du Grand Paris est d’ailleurs frappant : la métropole envisage en effet d’interdire de circulation les voitures Crit’Air 4 en 2021 (soit 9 % du parc actuel), les voitures Crit’Air 3 en 2022 (31 %), les voitures Crit’Air 2 en 2024 (74 %), puis les voitures Crit’Air 1 en 2030 (99 %). D’ici 10 ans, seuls les véhicules électriques et hydrogènes seront ainsi autorisés à rouler dans le Grand Paris, soit seulement 1 % du parc auto actuel (13).

Face à ces interdictions annoncées, les fabricants tentent de s’organiser. Toutefois, tout laisse à croire que les pionniers de l’électrique disposent déjà d’une longueur d’avance et qu’il sera difficile de les rattraper. Pour preuve, 6 groupes automobiles représentent, à eux seuls, 60 % des ventes de voitures électriques et hybrides rechargeables dans le monde :

  • loin devant ses concurrents, Tesla a écoulé près de 180 000 modèles au premier semestre 2020, porté notamment par le succès de la Tesla Model 3 ;
  • en 2e position, le groupe Volkswagen tente de suivre le rythme et, pour cela, peut compter sur la e-Golf, la Passat PHEV et l’Audi e-Tron ;
  • vient ensuite BMW qui sort son épingle du jeu grâce à la Série 5 PHEV ;
  • sans oublier l’alliance Renault-Nissan qui s’adjuge la 4e place mondiale au 1er semestre 2020, principalement grâce au succès de la Renault Zoé et de la Nissan Leaf (14).
Sources :
(1) Plus d’un kilomètre sur trois sera « partagé » en 2030 – PwC – 2018
(2) Kilométrage annuel moyen : les Français roulent de moins en moins – L’Argus – 2015
(3) L’âge moyen des véhicules s’élève à 10,6 ans – CCFA – 2020
(4) Automobile: cap sur la route de l’autonomie – PwC – 2019
(5) Près d’un Européen sur deux serait prêt à abandonner sa voiture individuelle au profit des robotaxis – PwC – 2019
(6) Who Will Drive Electric Cars to the Tipping Point? – Boston Consulting Group – 2020
(7) Statistiques de parcs et trafic pour le calcul des émissions de polluants des transports routiers en France – Ademe – 2014
(8) Pretty Soon Electric Cars Will Cost Less Than Gasoline- BloombergNEF – 2017
(9) Baromètre national des infrastructures de recharge – Avere France – 2020
(10) Développer l’automobile propre et les voitures électriques – Ministère de la Transition Écologique – 2020
(11) En Europe, 3 millions de points de recharge seront nécessaires d’ici 2030 – Avere France – 2020
(12) Projet de loi d’orientation des mobilités : la fin des ventes de voitures à énergies fossiles carbonées d’ici 2040 inscrite dans la loi – Ministère de la Transition Écologique – 2019
(13) La Zone à faibles émissions (ZFE) pour lutter contre la pollution de l’air – Paris – 2020
(14) Voitures électriques : les chiffres clés dans le monde – L’Argus – 2020

 

CE QU’IL FAUT RETENIR

  • En 2030, la voiture type sera électrique ou hybride rechargeable
  • La conduite partagée et autonome deviendra la norme dans 10 ans
  • Le nombre de bornes de recharge doit être multiplié par 35 d’ici 2030
  • 6 groupes, réalisant déjà 60 % des ventes, devraient se partager le marché de l’électrique

 

LE POINT DE VUE DE LAURIE

« Si de nombreux automobilistes sont encore réticents à acheter un véhicule électrique, les interdictions entourant le thermique pourraient les y inciter dans les années à venir. Notre conseil ? Prendre les devants afin d’anticiper ces évolutions et d’être fin prêt pour le tout-électrique prévu à partir de 2030. »

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