Le moteur thermique condamné en 2035, c’est validé !
C’est acté ! À partir de 2035, en Europe, les constructeurs automobiles (pas vraiment tous, en fait…) ne pourront plus vendre de voitures à moteur thermique, ni même d’hybrides. Seuls des véhicules électriques subsisteront.
Malgré une farouche opposition de la droite, les eurodéputés réunis en séance plénière à Strasbourg ont approuvé le texte sur la régulation des émissions de CO2 des voitures et camionnettes par 339 voix pour (249 voix contre et 24 abstentions). La proposition de Bruxelles de réduire à zéro les émissions de CO2 des automobiles neuves est donc devenue une réalité, signant du même coup l’arrêt de mort du moteur thermique.
Euthanasie progressive
Cette décision (pour ne pas dire « acharnement ») a cependant de quoi surprendre, surtout quand on sait que l’automobile ne représente que 12 % des émissions de CO2 dans l’UE. N’aurait-il pas été plus indiqué de se préoccuper des 88 % restants ? On peut en tout cas se réjouir du fait que la proposition des Verts d’avancer l’interdiction des moteurs thermiques à 2030 n’ait pas convaincu. Pourquoi ? Car la voiture électrique reste chère, nous y reviendrons plus bas. Plus modéré, le PPE (droite pro-européenne et première force au Parlement) proposait une réduction de 90 % des émissions de gaz à effet de serre pour 2035. Celle-ci aurait permis de poursuivre la vente des voitures hybrides tout en encourageant la mise en œuvre de technologies alternatives mais l’amendement a finalement été rejeté. Quoi qu’il en soit, cette « mise à mort » du moteur thermique ne se fera pas en une fois. Plusieurs étapes sont prévues avec une réduction de 15 % des émissions d’ici 2025 et de 55 % en 2030.
Vers un vieillissement du parc de voitures thermiques ?
« Nous fixons un cap clair à l’industrie en soutenant la fin des moteurs thermiques en 2035, une victoire importante et cohérente avec l’objectif de neutralité carbone pour 2050 puisqu’une voiture roule en moyenne 15 ans », s’est félicité Pascal Canfin (Renew, libéraux). Un raisonnement pour le moins simpliste, qui semble oublier que la vente de voitures thermiques d’occasion (donc plus anciennes et polluantes) pourra, elle, se poursuivre, sans compter que dans ces conditions, il y a fort à parier que l’âge moyen du parc automobile ne cessera d’augmenter. L’ONG Transport & Environment voit quant à elle dans la suppression progressive des moteurs à combustion « Une opportunité historique de mettre fin à notre dépendance au pétrole », tandis que « La production accrue de véhicules électriques aidera à faire baisser les prix. » On ne peut que l’espérer…
Pas assez d’infrastructures de recharge
Pour Hildegard Müller, présidente de la fédération des constructeurs allemands VDA, il s’agit là d’une décision « Prise contre le marché, contre l’innovation et les technologies modernes, sans admettre qu’il n’y a pas suffisamment d’infrastructures de recharge dans une grande partie de l’Europe pour les voitures électriques. » « Nous allons tenir nos engagements, mais c’est un grand saut dans le vide et un sabordage industriel », a condamné de son côté le président de la Plateforme française de l’automobile, Luc Chatel. Et de poursuivre : « Les constructeurs souhaitaient une neutralité technologique, tandis qu’on ne sait pas si on aura les clients avec l’électrique, et pendant ce temps, les constructeurs chinois et américains vont continuer à faire du thermique. Bref, on choisit la technologie pour laquelle la Chine a 10 ans d’avance et on leur laisse un boulevard pour le thermique pendant 12 ans ».
L’écologie ? Oui, mais pas pour tout le monde…
Enfin, et cela a de quoi surprendre, voire choquer : par le biais d’un discret amendement, les constructeurs de luxe produisant moins de 1.000 unités par an vont pouvoir bénéficier d’un régime d’exemption. À l’origine de cet amendement, l’industrie automobile italienne cherche à protéger certains fleurons de son économie non sans justifier le fait que le faible volume de modèles produits rend plus complexe le passage à des motorisations plus propres vu le peu d’économies d’échelle réalisables. L’eurodéputée Karima Delli (EELV) a déclaré à ce sujet que « Cet amendement privilégie encore les plus aisés », non sans espérer voir le Conseil de l’Europe l’invalider le 28 juin prochain. Nous vous tiendrons informés !
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